Comme un effet miroir. Ce mercredi 30 octobre, France 2 lance "Dans l’ombre", une série événement qui nous plonge dans les arcanes de la politique française. Les deux premiers épisodes de cette fiction en quatre volets, diffusés à raison de deux par semaine, mettent en scène Karin Viard, Swann Arlaud et Melvil Poupaud, sous la direction de Pierre Schoeller, réalisateur du film acclamé "L’Exercice de l’État". Adaptée du roman éponyme coécrit par Édouard Philippe, ancien Premier ministre, et Gilles Boyer, son collaborateur de longue date, la série met en scène des personnages et des situations qui semblent bien avoir quelques points communs avec des figures politiques bien réelles.
L’intrigue se concentre sur César Casalonga, un stratège politique de talent qui soutient Paul Francœur, candidat à la présidentielle après avoir remporté la primaire de son parti. Si les manœuvres politiques et les luttes de pouvoir dominent le récit, une ombre vient ternir la candidature de Francœur : une rumeur de fraude aux primaires menace de compromettre ses ambitions. Le conseiller de l'ombre doit donc affronter non seulement les adversaires politiques mais aussi les querelles au sein de son propre camp.
Au cœur de cette adaptation, l'expérience politique des deux auteurs a nourri une intrigue complexe, au plus proche du réel. Pierre Schoeller, qui endosse ici la casquette de showrunner, explique cependant avoir choisi de ne pas s’inspirer directement d’un homme politique en particulier. Interrogé par franceinfo ce lundi, il a en effet déclaré : "Un des noms de code [du projet, ndlr], c'était 'Rien sur Macron'. Parce que vraiment on est dans une politique parallèle". Cependant, la carrière politique des auteurs et l’immersion des acteurs dans leurs rôles ont introduit des influences plus subtiles. Le créateur de la série évoque notamment le personnage de Marie-France Trémeau, politicienne de droite dure, qui peut rappeler des figures telles que "Christine Lagarde, Rachida Dati, Valérie Pécresse" et même "Marie-France Garaud", icône du gaullisme conservateur. Karin Viard, qui incarne cette femme politique, a d’ailleurs contribué à étoffer son personnage en souhaitant explorer une "féminité assumée et revendiquée tout en étant un personnage de droite dure", explique-t-il. En somme, les protagonistes ne sont pas des doubles de personnalités existantes, mais "l’ombre" de figures politiques bien réelles influence les rôles et l’intrigue.
De son côté, Melvil Poupaud, interprète Paul Francœur, candidat charismatique et sûr de lui. Ce rôle, qu’il décrit comme "très loin de [lui]", a permis au comédien de s’approprier une facette de leader qu’il n’avait jamais explorée. Dans une interview accordée au "Parisien", il précise : "Je ne me suis jamais présenté à une élection, même pas de délégué de classe ! Paul Francœur est très loin de moi. Il est sérieux, autoritaire, charismatique. Moi, je n’ai pas une nature de chef". Pour l’acteur, incarner un homme prêt à briguer le pouvoir a été une expérience de jeu basée uniquement sur le scénario. "On était sur quelque chose de très bien écrit, précis, réaliste, et je me sentais très en confiance avec Pierre Schoeller pour être crédible dans ce rôle", assure-t-il.
"Je n'avais pas envie de m'inspirer de qui que ce soit"
Melvil Poupaud
Un réalisme qui ne l’a pourtant pas poussé à s’inspirer d’Édouard Philippe en lui-même. "Il est venu à une séance de lecture, on a un peu échangé, mais je n’avais pas envie de m’inspirer de qui que ce soit, j’avais envie que Francœur soit un vrai personnage de fiction, une création pure, qui vienne m’habiter de l’intérieur. J’ai regardé des meetings mais je n’ai pas trouvé quelqu’un qui pouvait me servir de modèle, je n’ai pas été séduit par ce que j’ai vu", explique-t-il. Si l’acteur se dit personnellement peu impliqué dans la politique, il confie que cette expérience lui a permis de mieux comprendre la force qui pousse certains à ambitionner les plus hautes fonctions. "Quand je vote, je veux que ce soit pour quelqu’un en qui je crois et je n’ai pas souvent cru au discours des hommes politiques. Mais ce que j’ai découvert avec ce rôle, c’est ce qui fait qu’on brigue le pouvoir."