Daphné Bürki tient à rassurer sur la liberté éditoriale au sein du groupe Canal+. Invitée ce matin du "Grand Direct des médias" sur Europe 1, l'animatrice de "La Nouvelle Edition" n'a pas pu échapper à une question sur l'indépendance au sein de la chaîne cryptée depuis sa reprise en main par Vincent Bolloré. "J'ai l'impression que ça fait vendre du papier en effet", a balayé Daphné Bürki lorsqu'ont été évoquées des supposées pressions au sein du groupe Canal+. "On raconte beaucoup de choses. On fantasme beaucoup de choses (...)", a-t-elle poursuivi, avant de donner en exemple son cas personnel : "Moi, je vais être très honnête. Au quotidien, Vincent Bolloré n'est jamais venu dans une régie, dans une conférence de rédaction. Il ne m'a jamais dit : 'Vous ne parlerez pas de ça'", a-t-elle raconté.
Interrogée sur son échange avec le nouveau patron de Vivendi, Daphné Bürki a tenu à démystifier les choses : "La seule chose qu'il m'a dite, c'est : 'De quoi vous avez besoin ?' (...) Il m'a donné les clés. Il m'a dit : 'Ca va être super !' Et c'est tout !! Je veux bien qu'on raconte plein de choses mais venez dans les studios de Canal+ ! Venez visiter et voir comment ça se passe !", a-t-elle lancé. Avant d'assurer : "Moi, je ne subis en tout cas aucune censure".
"C'est la presse qui crée des légendes comme ça, parce que ça fait vendre ?", l'a alors interrogée Jean-Marc Morandini. "Oui. Je pense que c'est assez excitant. Mais j'adore les médias aussi. Vous le savez.... Dès qu'il y a une petite étincelle, on a envie que ça fasse un feu...", a expliqué d'un air entendu celle qui juste avant, avait bravement lancé : "Le jour où on me dira de me taire, je partirai".
Au rayon "petite étincelle", rappelons qu'en 2015 la direction de Canal+ a refusé la diffusion d'un documentaire critique envers le Crédit mutuel. De la même manière, rappelons aussi que la direction de Canal+ a demandé le retrait après diffusion d'un reportage critique sur l'Olympique de Marseille. "La direction tient avant tout à défendre les intérêts du groupe Canal+ et estime qu'il est donc préférable d'éviter certaines attaques frontales ou polémiques à l'encontre de partenaires contractuels ou futurs", avait d'ailleurs reconnu sans détour cette même direction à l'époque.
Rappelons aussi que récemment, lors d'un débat organisé par nos confrères d'Arrêt sur images, Jean-Baptiste Rivoire, rédacteur-en-chef adjoint de "Spécial Investigation", délégué syndical SNJ-CGT avait évoqué la censure d'une autre enquête sur la BNP. Ce créateur de "légendes" avait précisé à l'époque que sept récents sujets de son émission sur onze avaient été refusés par la nouvelle direction alors que sous la précédente, "ça passait" pour "80 ou 90% des cas".
Rappelons enfin qu'Olivier Ravanello, éditorialiste à iTELE et président de la Société des journalistes de Canal+/iTELE, s'est inquiété le 1er mars dernier dans Le Monde des possibles atteintes à l'indépendance des journalistes au sein du groupe. Le journaliste avait ainsi demandé la signature publique d'une charte de bonne conduite par la direction, "seul moyen" selon lui, "de garantir l'avenir". "Rien ne dit que demain, ce qui se passe sur l'investigation ou le sport ne concernera pas également iTELE", s'était inquiété cet autre créateur de "légendes". puremedias.com vous propose de revoir la séquence avec Daphné Bürki à partir de 4 minutes 50.