Il reprend les commandes du grand divertissement de M6. Ce soir, la Six dégaine la saison 14 de "La France a un incroyable talent" produite par Fremantle France. Pour la quatrième année, David Ginola sera à la présentation du concours de talents. A cette occasion, l'animateur s'est confié auprès de puremedias.com.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Comment abordez-vous cette nouvelle saison de "La France a un incroyable talent" ?
David Ginola : Avec autant de confiance que les autres années. Je suis très serein. Après trois saisons, j'ai l'impression d'être un peu plus rôdé qu'à mes débuts. Je m'aperçois cette année que nous sommes gâtés du côté des talents. Il y aura encore beaucoup d'émotions cette année. Tous les ingrédients qui font l'âme de cette émission seront présents. Ce sera un bon cru.
"Je n'ai pas envie de jouer un rôle et d'avoir une attitude qui ne me corresponde pas"
Les téléspectateurs vous retrouvent de manière sporadique sur M6. Est-ce que cette rentrée est comparable à une reprise de saison de football ? Vous êtes-vous entraîné cet été ?
Non, pas entraîné (rires). On se prépare forcément pour la rentrée. Elle a commencé fin août avec le tournage des auditions. Il faut être prêt car ces cinq jours et demi de tournage sont quand même très longs. Il y a plus de 150 candidats auditionnés. On doit garder une énergie constante, du premier au dernier candidat. Ce n'est pas évident. Puis c'est une aventure qui se passe sur la durée. On débute au mois d'août et la finale est en décembre. Avec les demi-finales qui se déroulent au milieu, on doit faire en sorte que les épisodes soient bien organisés.
Comment se renouvelle-t-on dans ce rôle de présentateur ?
Ce n'est pas une question que je me pose. J'essaye d'être moi-même et d'être naturel. Le plus grand compliment que l'on peut me faire est de dire que je suis naturel. Je ne supporterais pas d'être quelqu'un d'autre. Je n'ai pas envie de jouer un rôle et d'avoir une attitude qui ne me corresponde pas. Ce que vous voyez à l'antenne, c'est ce que je suis dans la vie. Il n'y a pas de surprise. J'aurais été très déçu que des gens qui me connaissent très bien me disent : "David, on ne te reconnaît pas".
Bien que vous ne fassiez pas partie du jury, vous disposez d'un golden buzzer. Y a-t-il une pression d'envoyer un candidat directement en finale ?
Oui, la pression existe. On est responsable. Ces personnes qui seront "golden buzzées" ne vont pas faire de demi-finale. Elles vont manquer une étape. Sur plus de 150 candidats, on se pose toujours la question : "Est-ce que je ne vais pas regretter ? Est-ce que je ne vais pas voir quelque chose qui va ensuite plus me plaire ?". J'ai eu un petit doute cette année, même si je suis très content et très fier de mon golden buzzer.
"J'avais le grand-père qui tremblait à côté de moi. J'avais la grand-mère qui pleurait. C'était vraiment difficile pour moi"
Au bout de 14 saisons de "La France a un incroyable talent", peut-on être encore surpris des numéros que nous allons voir ?
On est constamment surpris. Finalement, le renouvellement est ailleurs. Il y aura forcément des magiciens, des acrobates, des humoristes, des chanteurs, des gens loufoques, etc. Le renouvellement est dans la différence. Tous ces artistes devront proposer des numéros différents pour pouvoir se démarquer. Quand ce sont des tours que tout le monde connaît, le jury ne le prend pas. On essaye de rester très logique.
Y a-t-il eu un numéro qui vous a particulièrement ému ?
Oui. Il y a le numéro d'une petite fille, Marie-Lou. Elle a fait une surprise à ses grands-parents. Elle est montée sur scène pour chanter "Les vacances à la mer" de Michel Jonasz. Quand j'étais jeune, j'écoutais beaucoup Michel Jonasz. Le fait qu'une adolescente reprenne l'un de ses titres m'a replongé dans mes 15 ans. Ca me fait drôle qu'en 2019 une petite fille puisse chanter cette chanson avec une telle émotion. Ce titre, on ne l'écoute plus trop. Mais quand on l'écoute, il est rempli de belles choses. Aujourd'hui, tout le monde n'a pas la possibilité de passer des vacances de rêve où on dépense des centaines de milliers d'euros. Bien évidemment, la majorité des gens achètent une glace. C'est de l'argent. C'est un coût. Je trouve que Marie-Lou avait une sensibilité avec sa voix dans cette chanson. J'étais aux côtés de ses grands-parents. Donc, j'étais encore plus ému. J'avais le grand-père qui tremblait à côté de moi, j'avais la grand-mère qui pleurait. C'était vraiment difficile pour moi. J'ai vécu les émotions des autres. A part d'être insensible à tout ça, ce type de numéro vous marque.
"J'ai été plongé dans le métier d'animateur sans avoir véritablement les bases classiques"
Qu'est-ce que l'animation de "La France a un incroyable talent" vous a apporté personnellement ?
La découverte d'un nouveau milieu professionnel. La découverte du milieu du divertissement, que je ne connaissais pas. Avant, je présentais l'émission "Match of Ze Day" sur Canal+ qui abordait le football anglais. J'étais dans ma légitimité de présenter quelque chose qui était propre à mon métier de footballeur. Derrière, j'ai enchaîné avec le championnat d'Europe 2016 sur M6. C'était encore quelque chose que je connaissais. C'est vrai que ma première saison de "La France a un incroyable talent" était une découverte. Je suis parti sans filet faire quelque chose que je ne connaissais pas. Je suis sorti des sentiers battus. Souvent, on me pose la question : "Comment as-tu appris à faire ça ?". Ce n'est pas inné, même si je ne peux pas dire que je l'ai appris. Je n'ai pas le recul encore suffisant sur ce que je fais aujourd'hui. Le football, je le pratique depuis mes 6 ans. J'ai signé mon premier contrat à 19 ans. J'ai grimpé les échelons. J'ai grandi et j'ai évolué pour en faire mon métier. Là, j'ai été plongé dans un métier sans avoir véritablement les bases classiques.
Etiez-vous ce qu'on peut appeler un enfant de la télé ?
Non, j'ai baigné dans le milieu du sport et du foot. La télévision, je la regardais un peu le soir en rentrant à la maison. Mais c'était sans plus. La plupart du temps, quand on parle des anciens footballeurs, c'est dans un registre très spécifique de consultant. Il va travailler avec un journaliste et apporter son analyse. Entrer dans un rôle de présentateur de divertissement, c'est très rare.
Regardez-vous les formats de l'émission à l'étranger ?
Ca m'arrive. J'habite à Londres, donc je regarde la version britannique.
Aux Etats-Unis, "America's Got Talent" est présenté par l'acteur Terry Crews. Seriez-vous aussi intéressé par la comédie ?
Pourquoi pas. Ca m'est arrivé. J'ai déjà fait des courts-métrages et des longs-métrages. J'ai joué des rôles complètement différents. C'est quelque chose qui me plairait aussi. J'aimerais avoir la possibilité d'avoir un réalisateur qui me donne la chance de jouer dans quelque chose d'original. Aujourd'hui, je suis fasciné par les acteurs qui interprètent les rôles dont ils sont l'opposé dans la vie. C'est là qu'on réalise à quel point c'est un métier et un talent. On m'a proposé certains rôles. J'ai été obligé de jouer le rôle d'un légionnaire qui revient de la guerre. On m'avait rasé la tête. J'étais rustre et agressif. Ce n'était pas moi. J'ai dû rentrer dans la peau de quelqu'un d'autre. Donc, c'est quelque chose qui me plaît énormément. Pedro Almodóvar m'avait présenté un film, mais j'étais encore joueur de football à l'époque. Je devais jouer le rôle d'un stewart dans un avion qui tombait amoureux d'une femme. C'était une histoire dénudée (rires). Un peu comme "37°2 le matin". Donc, j'attends la proposition qui va me correspondre.
"Si 'French in the City' avait été replacé en semaine à une heure plus logique, ça aurait marché"
La saison dernière, vous étiez aux commandes de "French in the City" sur M6. Est-ce que le magazine reviendra ?
J'espère parce que le magazine est super. Le pitch est juste superbe. Il y a énormément de Français qui vont tenter leur expérience à l'étranger. Ils partent avec leur famille ailleurs, avec toutes les difficultés que cela comporte. S'installer à Tokyo pour une famille qui vient de province n'est pas forcément une évidence. Ils découvrent une culture, une tradition et une langue différentes. Je trouvais que le concept était bon. Sauf que le problème est que le créneau horaire n'était pas génial. Ce n'était pas une case qui a forcément marché à M6. Je pense que si l'émission avait été replacée en semaine à des heures un peu plus logiques, elle aurait marché.
Effectivement, les audiences n'étaient pas au rendez-vous...
Les audiences n'étaient pas au rendez-vous parce que les gens n'étaient pas à la maison.
Est-ce qu'il ne fallait pas aussi repenser le format ?
Repenser le format, oui. Au départ, le format était réfléchi d'une manière différente. Dans mon pilote, mon implication était différente. J'allais directement rencontrer les gens dans les villes. Le pilote que j'avais fait était à Londres. J'avais rencontré deux, trois Français expatriés pour réussir. Le pitch de l'émission était là-dessus. J'avais rencontré un restaurateur qui avait appris à faire aimer les abats aux Anglais. Je cuisinais avec lui les pieds de porc. J'avais aussi rencontré la fille qui avait lancé la marque Seraphine et qui avait habillé Kate Middleton pendant sa grossesse. C'est vrai que dans la version de "French in the City" qui a ensuite été diffusée, mon implication était dans l'annonce du programme et la finalité avec ce qu'on allait retrouver la semaine suivante. J'aurais aimé avoir beaucoup plus d'implication et d'investigation. Ce sont des discussions que l'on a en interne. Mais c'est quelque chose qui pourrait revenir demain. Repensé évidemment.
Lors des matchs de l'équipe de France, vous présentez aussi "100% Foot" sur M6. Aimeriez-vous avoir un magazine de sport plus récurrent ?
Ce sont des choses qui doivent se discuter. Le sport sur M6 n'a pas encore forcément beaucoup de place par rapport à d'autres chaînes, qui sont pour certaines très spécialisées. Je pense que M6 a montré depuis l'Euro 2016 qu'elle était capable d'être un interlocuteur très important et très concurrentiel. Aujourd'hui, je trouve que le sport a sa place sur M6. Mais ce sont des discussions par rapport à des créneaux. M6 a déjà une grande palette. Elle a "L'amour est dans le pré", des émissions culinaires, des émissions de compétition. Mais c'est vrai que M6 n'a plus d'émissions fortes autour du sport. Le football vient accessoirement pour l'instant. Il faudrait qu'il s'installe d'une manière beaucoup plus importante.