Premier mea culpa pour Dominique Rizet. Six mois après la prise d'otages de l'Hyper Cacher, le spécialiste Police-Justice de BFMTV a accepté de revenir sur les événements du 9 janvier dernier. Ce jour-là, alors qu'il commentait en direct la prise d'otages, Dominique Rizet avait évoqué à l'antenne l'existence d'une planque au sein de l'Hyper Cacher où était retranchée une femme. "Il y a une femme qui se serait cachée dès l'arrivée de cet homme, qui s'est réfugiée dans une chambre froide. Et qui serait à l'intérieur, à l'arrière de l'établissement", avait-il expliqué à 14h58, avant de ne plus répéter l'information à l'antenne. Il y avait en réalité plusieurs personnes cachées à l'interieur à l'insu d'Amedy Coulibaly.
Une fois la prise d'otages terminée, BFMTV avait rapidement été critiquée par le RAID, des responsables politiques, les familles des ex-otages puis ces les otages eux-mêmes pour avoir révélé cette information. En avril dernier, une plainte contre X pour "mise en danger de la vie d'autrui" avait même été déposée dans cette affaire par maître Patrick Klugman au nom de plusieurs ex-otages.
Dans la tempête, la défense de BFMTV a évolué au fil des mois. Juste après les faits, le 11 janvier, Hervé Béroud, directeur de l'information de la chaîne, avait ainsi défendu son journaliste, niant toute mise en danger des otages. Il avait assuré que la source de Dominique Rizet, une personne du RAID, "lui avait dit que ces personnes-là n'étaient plus en danger".
Le 12 janvier, Béroud avait une nouvelle fois pris la défense de son journaliste sur le plateau de "C à vous". "Si le preneur d'otages voulait aller dans la chambre froide, c'est-à-dire s'il devait retraverser le magasin et descendre à l'étage inférieur, il serait forcément tué par le Raid parce qu'il passerait devant l'endroit ou se trouvait le Raid", avait-il détaillé. Hervé Béroud avait néanmoins reconnu à cette même occasion que cette information "aurait pu être retenue" et expliqué qu'il n'avait pas jugé utile "symboliquement et émotionnellement" de la redonner à l'antenne ce jour-là.
Le 14 janvier, le site Arrêt sur images avait annoncé être parvenu à joindre Dominique Rizet pour lui demander des explications sur cette affaire. "Je ne veux pas vous parler, je me suis fait dézinguer par tout le monde", avait-il déclaré au site. Avant de lancer : "J'ai fait une liste. Le jour où je vais expliquer ce qui s'est passé, tout le monde va se sentir complètement con. Je sais qu'il y en a qui vont se faire bouffer les couilles. Je ne veux pas en rajouter, vous faites votre boulot, j'ai fait mon boulot. Je fais gaffe à tout, je sais ce que je fais. Je sais qu'il (l'otage, ndlr) était parfaitement en sécurité".
Par la suite, Hervé Béroud avait affirmé dans "Le Tube" que Dominique Rizet avait ce jour-là été "piégé" par "Arrêt sur images". "Il n'a pas répondu à 'Arrêt sur images', il a été piégé par Arrêt sur images qui l'a appelé et à qui il a dit deux mots et ils ont retranscrit (ses propos) sans son autorisation, ce qui est extrêmement déontologique", avait dénoncé Hervé Béroud, ce que le site nie.
Le 26 mars, invité du "Petit Journal" de Yann Barthès, le patron de l'information de BFMTV avait infléchi pour la première fois la position officielle de sa chaîne. Reconnaissant une "erreur" de BFMTV, il avait expliqué : "Sur l'histoire de l'Hyper Cacher, on a reconnu très vite que la phrase de l'un de nos journalistes sur la présence éventuelle d'une otage dans la chambre froide était inopportune, que c'était une erreur. Oui, ça, évidemment".
Interrogé ce week-end dans "M, le magazine du Monde", Dominique Rizet a lui aussi décidé de faire son mea culpa. En six mois, sa vision des évènements a visiblement radicalement changé. Rappelant que sa prise de parole mise en cause avait duré "huit secondes" à l'antenne et que sa source lui avait assuré que la cliente de l'Hyper ne risquait rien, il a reconnu sans détour sa faute ce jour-là. "Personne n'imagine à quel point je m'en veux. J'aurais dû fermer ma gueule", a-t-il ainsi confié.