Bientôt des procès en prime time sur France Télévisions ? La porte est en tous les cas ouverte après la prise de parole ce matin d'Eric Dupond-Moretti sur France Inter. Invité de Léa Salamé et Nicolas Demorand, le garde des Sceaux a présenté ce matin la réforme de la Justice qu'il entend mettre en oeuvre dans les mois qui viennent.
L'ex-avocat a notamment annoncé son intention de filmer et retransmettre à la télévision des procès pénaux ou civils. Pour rappel, leur captation est interdite en France depuis une loi de 1954. Seuls quelques procès de dimension historique, comme le récent procès des attentats de janvier 2015 par exemple, peuvent bénéficier depuis 1987 d'exceptions très encadrées.
"Le fil rouge de cette réforme, c'est de rétablir la confiance du citoyen dans la Justice. Les Français ne connaissent pas la justice", a commencé par constater Eric Dupond-Moretti."Si vous demandez dans la rue comment on appelle un président de Cour d'assises, plein de gens vont vous dire : 'Votre honneur', inspirés par les séries américaines", a-t-il donné en exemple, réclamant de la pédagogie et de la transparence à son institution.
"Nous avons pris beaucoup de précautions. Je veux tout sauf du trash. On demandera les autorisations nécessaires. On ne va pas filmer votre divorce à votre insu", a-t-il répondu à Léa Salamé qui le pressait de questions sur une possible atteinte à l'intimité des parties. Promettant un "droit à l'oubli" et un "respect des victimes", Eric Dupond-Moretti a également précisé que c'est la chancellerie qui donnerait son accord à la captation des procès. "Ce ne sera pas sur les réseaux sociaux. Ce ne sera pas rediffusé. Il y aura aussi des floutages dans certains cas", a-t-il ajouté, précisant également que la diffusion de ces procès ne concernerait que des affaires "définitivement jugées".
Quant au diffuseur de tels procès, le ministre de la Justice a annoncé qu'il s'agirait du service public, dévoilant avoir "eu un certain nombre de contacts" avec la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte. "Il y aura ensuite des explications pédagogiques fournies par un magistrat ou un avocat extérieurs à l'affaire pour expliquer aux Français ce qu'ils viennent de voir et d'entendre", a-t-il commenté, imaginant ainsi à quoi ressemblerait le futur programme de télévision. On ignore pour l'instant la date, la chaîne et l'éventuelle incarnation de ce dernier. En attendant, puremedias.com vous propose de revoir la prise de parole du ministre de la Justice ce matin sur France Inter.