Le garde des Sceaux veut toucher à la loi symbolique de la liberté de la presse. Face à la commission des lois du Sénat, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a annoncé une hausse de 8% du budget de son ministère pour atteindre 8,2 milliards d'euros, et 2.450 embauches. "Ce sont des moyens en plus pour le renseignement pénitentiaire, pour les places dédiées aux détenus radicalisés et au recrutement d'agents spécialisés", a-t-il déclaré, selon des propos rapportés par Public Sénat.
Le locataire de la place Vendôme a également rappelé sa volonté de lutter contre la radicalisation, en soulignant que "les quartiers d'évaluation de la radicalisation sont indispensables". "J'ai beaucoup travaillé pour éradiquer la haine en ligne, qui a abouti à l'assassinat du professeur Samuel Paty, mais pourrit aussi notre pays, le plus souvent en toute impunité", a indiqué Eric Dupond-Moretti. C'est pour ce combat qu'il souhaite se pencher sur la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Le ministre de la Justice veut aboutir à "l'éviction de ceux qui ne sont pas journalistes et qui ne méritent pas de profiter de cette loi (...) et qui viennent s'y lover".
Dans une interview accordée au "Figaro", il détaille son projet : "Je pense que trop de personnes qui n'ont rien à voir avec la presse viennent profiter du bouclier de la loi de 1881 qui protège la liberté d'expression pour distiller des discours en rupture avec les valeurs de la République". "Tout en maintenant les protections existantes pour les journalistes, un texte va être communiqué dès aujourd'hui au Conseil d'État afin que soit expertisée la possibilité de permettre la comparution immédiate", annonce Eric Dupond-Moretti, qui confie avoir "réuni ses homologues européens pour accélérer et renforcer la lutte contre la haine en ligne dans le cadre d'une nouvelle directive en discussion".
Ce projet de modifier la loi sur la liberté de la presse pourrait toutefois faire grincer des dents du côté des journalistes. Certains de ses derniers sont d'ailleurs déjà remontés contre le gouvernement et la loi relative à la sécurité globale portée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Plusieurs dispositions de ce texte inquiètent, dont notamment l'article 24 qui risque de restreindre la possibilité de diffuser des images d'agents des forces de l'ordre. Il est perçu par ses opposants comme une volonté de cacher les violences policières. Depuis hier, ce texte est examiné par les députés et divise fortement au sein de l'Assemblée nationale.