Chaque semaine, retrouvez "Médias le mag, l'interview", en partenariat avec France 5. Julien Bellver, co-rédacteur en chef de puremedias.com et chroniqueur dans "Médias le mag" le dimanche à 12h35 interroge une personnalité des médias toutes les semaines. Pour ce 23e numéro, Julien Bellver reçoit Estelle Denis, à la tête de "Touche pas à mon sport" chaque soir sur D8.
Vos deux saisons et demi à TF1, c'était une parenthèse ou une erreur de parcours ?
Alors, pas du tout ! Ni une parenthèse, ni une erreur de parcours. J'étais très contente de le faire parce que j'aurais regretté de ne pas y aller. Si on doit employer une métaphore footballistique, quand on vous propose Barcelone, vous y allez. TF1 reste un Graal. Et puis surtout, j'ai passé sept ans formidables à M6 mais j'étais un peu arrivée en fin de parcours. J'avais fait beaucoup de choses : du foot, de la politique, un tout petit peu de divertissement, j'avais fait "100% Mag", j'avais envie d'autre chose...
Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné à TF1 ? Vous avez fait pas mal de divertissement, est-ce que finalement c'était votre registre ?
Non, je pense que je n'étais pas faite pour ça. J'ai essayé quelque chose et à un moment, on ne peut pas avoir de la valeur ajoutée partout...
Vous l'avez ressenti ?
Oui, je le sentais. Déjà, il suffit de regarder Nikos... Je voyais ce que je faisais et j'étais en dessous. Je le savais. Et c'est vrai que TF1, c'est une chaîne où les cases sont chères et il n'y avait pas de case adaptée à ce que je sais faire.
Le divertissement, vous allez tout de même y revenir puisque vous récupérez les commandes de "L'oeuf ou la poule"...
Oui, mais c'est complètement différent. Sur TF1, j'ai animé des très gros barnums et seule. Là, je n'ai pas l'impression d'être seule, il y a une vraie bande, un vrai esprit d'équipe. C'est plus proche de ce que je fais dans "Touche pas à mon sport" que de ce que je faisais sur TF1. L'ambiance est la même, on a envie de rigoler.
Il y a beaucoup moins de pression aussi ? D8 laisse plus de temps aux animateurs pour s'installer...
Ce n'est pas une question de pression. A D8, sur "Touche pas à mon sport", je suis vraiment associée au contenu. Le matin, j'arrive, je dis "Ca j'ai envie de le faire, ça moins..." Je mets un peu mon grain de sel. Et ça, c'était plus dur à TF1, d'autant que j'étais moins légitime sur un gros prime de divertissement. Et sur "L'oeuf ou la poule", vraiment, c'est une ambiance un peu potache, proche de "Touche pas à mon sport"...
Vous animez "Touche pas à mon sport" sur D8 depuis la rentrée, et c'est déjà un joli succès avec entre 300 et 400.000 téléspectateurs. Vous êtes très à l'aise dans l'exercice, on a impression de vous retrouver dans "100% Foot"...
C'est une émission où je peux mettre ma patte, avec l'aide évidemment d'une bande. Je n'aime pas être toute seule : d'abord parce que fondamentalement, je m'ennuie, donc je me dis que j'ennuie aussi le téléspectateur, et j'aime bien avoir la famille autour de moi...
Vous êtes une chef de bande ?
Ce n'est pas même pas ça... J'aime avoir mes copains autour de moi. On se connaît tous, quand il y a un petit nouveau, il est tout de suite bien intégré. Je sais que je peux compter sur chacun. En fait, j'ai l'impression quand j'arrive, même si on est en direct, que rien ne peut m'arriver. Il y a Pierre et Dominique que je connais de "100% Foot" et Dieu sait qu'on en a fait des directs ensemble et qu'on a vécu des expériences assez étonnantes !
De fortes personnalités, des avis tranchés, du clash, de la polémique, c'est la recette de l'émission ?
Ils sont tous comme ils sont dans la vie, en fait. En loges, on s'engueule déjà, après les émissions, on continue à s'engueuler... Mais moi, c'est ce que je voulais, parce que c'est ce qu'on avait dans "100% Foot". L'émission aurait pu durer cinq heures et là c'est un peu la même chose ! Ils ont tous leur avis et ils le disent avec pas mal de fermeté.
C'est une déclinaison de "Touche pas à mon poste", qui repose sur les mêmes ressorts...
Ca repose vraiment sur une bande, même si les deux bandes sont très différentes. Mais oui, l'idée c'est d'abord le direct, une bande...
... sans filtre ?
Sans filtre, oui. C'est un peu la foire d'empoigne. Je suis obligée parfois de taper du poing sur la table. Ce n'est pas compliqué, mais parfois je leur dis "Taisez-vous !". J'ai parfois l'impression d'avoir affaire à des enfants ! Mais c'est assez agréable, on essaie de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, et d'avoir des discussions qu'on peut avoir à la machine à café, au comptoir ou chez nous.
Sur TF1 vous n'avez jamais été une incarnation récurrente des sports. Pourquoi ? Il y avait trop de résistances en interne ?
Alors ça, je n'en sais rien du tout !
Vous auriez pu devenir l'un des visages du sport sur TF1...
Mais il y a déjà des gens ! Si vous me parlez de "Téléfoot", il y a Christian Jeanpierre. Après, moi j'ai été ravie de faire la Coupe du monde 2014 avec Denis Brogniart, parce qu'on s'est très bien entendu et surtout, ça a cartonné et on s'entendait très bien.
Vous n'avez pas ressenti un peu de misogynie de la part du service des sports de TF1 ?
Jamais ! Peut-être que je suis naïve mais franchement, je n'ai jamais ressenti ça... C'est juste que "Téléfoot" marche bien, Christian Jeanpierre est installé. Ca me paraissait assez logique ! On ne me l'a jamais proposé et je n'ai jamais demandé.
D8 est une chaîne qui parie sur le sport. La chaîne a acquis pour trois ans les droits de la finale de la Ligue des champions. Vous allez participer au dispositif ?
C'est le samedi 28 mai, donc c'est encore un petit peu tôt, mais je pense qu'on fera quelque chose, oui.
"TPMS" se mettra aussi aux couleurs de la compétition ?
Ce n'est pas encore acté mais j'aimerais bien qu'on soit après le match, qu'on fasse une émission spéciale. Mais c'est encore un peu loin.
Il y a aussi l'Euro de foot en France en 2016. Là encore, "Touche pas à mon sport" va participer à l'événement ?
J'ai super envie, après, encore une fois, reste à savoir ce qu'on va faire, comment on va le faire, comment on peut le faire... C'est en discussions et je pense vraiment qu'on va faire quelque chose. Un Euro en France, ça ne se rate pas, en plus je pense que la France a ses chances...
Julien Cazarre, chroniqueur sur Canal+ Sport a porté plainte contre Cyril Hanouna suite à des menaces. Est-ce que vous avez été témoin ou victime de scènes comme celle-là ?
Pas du tout et puis en plus... Je n'ai même pas d'avis là-dessus. A titre personnel, je pense que la police en France a autre chose à faire que de gérer ce genre de plaintes. Mais je n'en ai jamais été témoin, bien sûr que non.
Vous n'en avez pas parlé dans la bande, en coulisses, avec votre producteur...
Moi, Julien Cazarre, je l'ai rencontré deux fois dans ma vie, à un tournoi de poker, mais sinon... On ne se connaît pas du tout. Je le trouve très drôle dans "J+1", mais voilà...
C'est un bon patron, Cyril Hanouna ? Est-ce qu'il est dur parfois en affaires, dans la gestion d'une émission... ?
Il n'est pas du tout dur, mais c'est un super patron dans le sens où il fait toujours évoluer les choses, on ne s'installe jamais. Jamais, jamais. Il est toujours là pour dire qu'il faut trouver de nouvelles idées. Je suis très contente à titre personnel parce que j'aime bien bosser, même le week-end, et c'est la seule personne que je peux appeler sans jamais avoir peur de le déranger ! Ca c'est génial. Et on échange énormément sur l'émission, il adore le sport.
C'est lui le vrai patron de D8 ?
Alors là, moi je m'occupe de "Touche pas à mon sport", et c'est mon patron, c'est mon producteur, et c'est un super producteur. Je le côtoie aussi à la radio, sur Europe 1, et c'est surtout quelqu'un qui a 10.000 idées à la seconde. Parfois, il faut suivre. Mais c'est un mec génial. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un avec une telle énergie, un tel dynamisme et autant d'idées.
Il est intouchable ?
Ca, je n'en sais rien du tout, et je m'en fous complètement. Il m'a fait confiance en me faisant venir à D8. C'est lui qui m'a appelée, qui m'a fait venir d'abord à Europe 1 puis à D8. C'est lui qui a eu l'idée de "Touche pas à mon sport". Je lui suis extrêmement reconnaissante. Et puis surtout, aujourd'hui, vous avez une idée et vous allez sur les grosses chaînes, tout ça prend des tonnes de temps. Cyril, vous avez une idée, il dit "Vas-y, tente-la". Cet état d'esprit est hyper présent sur D8 et c'est génial. C'est extrêmement rare et c'est dommage. Il y a de moins en moins de directs, de prises de risques, on mise beaucoup sur des formats, des choses qui ont marché ailleurs. On a des idées, "Touche pas à mon sport", c'est une idée de Cyril.