On ne plaisante pas avec l'Eurovision. Le plus grand divertissement d'Europe nécessite chaque année une organisation massive, des mois de préparation, des centaines de producteurs et techniciens, le tout orchestré de main de maître par l'UER, Union européenne de radiotélévision. Celle-ci accorde chaque année au pays gagnant le droit d'organiser la cérémonie l'année suivante, et c'est donc à la suite de la victoire de l'Ukranienne Jamala l'an dernier que le concours s'est tenu le mois dernier à Kiev.
Tout s'est déroulé sans accroc pendant une semaine, des deux demi-finales des 9 et 11 mai à la grande finale du 13 mai, où le Portugais Salvador Sobral s'est imposé, tandis que la Française Alma a terminé douzième. Mais la préparation a été pour le moins chaotique. Une bonne partie de l'équipe de production a ainsi démissionné à quelques mois du concours, poussant l'UER à faire appel au producteur de la cérémonie de 2016, qui s'était tenue à Stockholm, en Suède.
Par ailleurs, la polémique s'est invitée pendant de longues semaines concernant la participation de la candidate russe, Yulia Samoylova. Les autorités ukrainiennes ont en effet interdit l'entrée à la chanteuse suite à un concert qu'elle avait donné en Crimée, territoire annexé par la Russie, sans demander d'autorisation d'entrée sur le territoire à l'Ukraine. Un délit passible de représailles pour tout individu selon les autorités du pays, qui n'ont pas souhaité faire d'exception pour le concours. La Russie, invitée à se produire par satellite, a quant à elle décidé de ne pas participer au concours - et de ne pas le diffuser.
"Tout cela a détourné l'attention du concours et a mis en danger la réputation de la marque Eurovision", a expliqué l'UER dans un communiqué. "Par conséquent, le comité d'organisation du concours a recommandé que la chaîne UA:PBC reçoive une amende substantielle, en accord avec les règles de la compétition", a poursuivi l'UER.
De son côté, la chaîne publique s'est défendue en rappelant qu'elle n'était pas à l'origine de l'interdiction d'entrée sur le territoire de la candidate russe. "Mais je ne pense pas que les autorités du pays souhaitent prendre part à tout cela", a lâché le président de la chaîne, précisant que le montant de l'amende, qui n'avait pas été révélé par l'UER, s'élèverait à 200.000 euros. UA:PBC a d'ores et déjà annoncé qu'elle allait faire appel de la décision.