Fabrice Arfi persona non grata sur les antennes du groupe Canal+ ? Le journaliste de Mediapart, co-auteur de "Informer n'est pas un délit" (Ed. Calmann-Lévy), un nouveau livre sur les empires médiatiques qui menacent l'investigation, avait été optionné par "Le Grand Journal" pour venir en plateau en assurer la promotion. Mais il a été "décommandé" de l'émission de Maïtena Biraben, comme il l'explique dans une interview à Télérama. En cause, un chapitre sur... Vincent Bolloré, nouveau boss de la chaîne.
"Ils m'ont même demandé de participer au numéro zéro de la nouvelle formule , le vendredi 4 septembre. Mais quelques heures avant, on m'appelle pour annuler, tout en confirmant notre venue pour la sortie du livre, le 30 septembre. La semaine suivante, notre éditeur reçoit un coup de fil de la rédaction en chef de l'émission pour dire que, finalement, rien ne sera fait sur le livre", explique-t-il. Pourtant, Fabrice Arfi est (était) un habitué des plateaux de Canal+ à chaque sortie d'une nouvelle enquête de son journal en ligne. On l'a vu de nombreuses fois début 2015 dans "Le Grand Journal" ancienne version ou "La Nouvelle Edition". Un "bon client" pour les télés. Mais ça, c'était avant que le milliardaire breton ne prenne le pouvoir.
Dans ce livre, en librairies depuis mercredi, 16 journalistes dénoncent "les nouvelles censures" en France, après la prise de pouvoir des industriels dans les groupes de médias, qu'il s'agisse de Vincent Bolloré dans Vivendi ou Patrick Drahi dans Libé, L'Express et BFMTV, via sa holding Altice Médias. A Canal+, depuis l'arrivée de Vincent Bolloré et son interventionnisme décomplexé sur l'éditorial, l'autocensure pèse sur les équipes. Pas un mot pas exemple sur la crise à Canal+ dans "Le Tube", l'émission médias de la chaîne. Récemment, c'est Olivier Galzi, journaliste sur iTELE, qui a refusé de présenter à l'antenne la Une de "Marianne" où apparaissait en bonne place... Vincent Bolloré.
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