Chaque semaine, retrouvez "Médias le mag, l'interview", en partenariat avec France 5. Julien Bellver, co-rédacteur en chef de puremedias.com et chroniqueur dans "Médias le mag" le dimanche à 12h35 interroge une personnalité des médias toutes les semaines. Pour ce 18e numéro, Julien Bellver reçoit Flavie Flament, qui a fêté aujourd'hui la 1000e de "On est fait pour s'entendre" sur RTL.
Vous avez fêté aujourd'hui la 1.000e de "On est fait pour s'entendre", votre émission sur RTL tous les jours entre 15h et 16h. Visiblement, c'est RTL qui s'entend très bien avec vous... Vous vous attendiez à une telle longévité ?
Ah non. Quand on a commencé l'émission, j'aurais pu l'espérer. Mais de là à imaginer que ça puisse être une histoire aussi riche en échanges et en réussite... Je n'aurais pas pu imaginer, non, à quel point cette aventure est magnifique. J'en suis très heureuse.
C'était un gros pari à l'époque non de vous faire venir dans cette case ? Personne ne vous attendait là.
C'était un gros pari pour eux et pour moi aussi. Mais il y avait un truc qui s'est passé tout de suite avec Christopher Baldelli (le patron de RTL, ndlr) quand j'ai quitté TF1. Il s'est intéressé vraiment à ce que j'avais envie de faire et je crois que la réussite, elle tient à ça aussi. J'avais envie de proximité, de parler avec les gens. J'avais envie qu'on me fasse confiance. En l'occurence, je pense qu'on s'est véritablement trouvés.
Vous réunissez 450.000 auditeurs en moyenne. Vous êtes confiante pour les prochaines audiences radios qui tombent mercredi prochain ?
Ecoutez, depuis que cette émission existe, elle est en constante progression. Confiante ? On se remet toujours en question et on espère toujours faire mieux. Mais pour l'instant, tout va bien.
A cette heure, sur une radio commerciale, vous avez la pression des audiences ? Vous les regardez de près ou vous vous en préoccupez peu ?
Oui, j'ai la pression quand même parce que je rends l'antenne à une petite émission qui s'appelle les "Grosses Têtes" (Rires).
Donc les audiences sont importantes même à cette heure-ci ?
Bien sûr ! Les audiences sont très importantes. La différence avec la télévision est que l'on n'a pas les audiences le lendemain. On les a tous les trois mois. Donc on travaille et on navigue un peu à vue. C'est vrai, après 1.000 émissions, on est plutôt serein sur la façon dont on doit procéder mais on s'attend toujours à quelques auditeurs en plus ou en moins. On est toujours dans l'expectative.
On parle souvent de votre possible retour en télé. On a vu pas mal d'infos sur internet notamment un projet d'émission. Vous en parlez dans "Le Parisien" ce matin. Ca y est. 2016, c'est l'année du retour de Flavie Flament à la télévision ?
Je ne sais pas mais l'envie est là. C'est quelque chose de nouveau. En 5 ans, je suis passée par différentes phases. J'ai eu des propositions, j'ai refusé des émissions, j'ai eu parfois quelques pointes d'envie qui, finalement, se sont dégonflées. Là, j'ai des convictions et des envies profondes.
Et vous avez un projet précis avec Frédéric Joly ?
Oui, on travaille. On a vraiment du pain sur la planche. Et on a surtout la foi dans quelque chose et moi c'est ce que j'attendais.
A quoi ressemble ce projet ?
Ca vient d'abord d'un constat. Tous les jours à la radio, je prends le pouls des gens et j'ai affaire à une France qui bouge, qui est dynamique, qui a envie que la parole se libère sur différentes choses. J'ai aussi réalisé à travers cette émission à quel point les besoins des gens sont complètement différents de ce que l'on peut leur proposer. Quand je parle avec eux, je me rends compte qu'il n'y a pas encore la place à la télévision pour un programme qui rendent hommage à ces Français formidables qui ont décidé de penser différemment, de donner prime à la solidarité, aux échanges.
Une émission positive...
Oui, une émission positive de témoignage.
Et vous en parlez avec des diffuseurs ?
Oui, bien sûr. On échange.
On a parlé de France Télévisions, de France 2 pour éventuellement la case d'access du week-end ?
Vous savez, on dit toujours plein de choses. En tout cas, ça fait partie des diffuseurs qui me touchent et m'intéressent.
Vous avez rencontré la nouvelle direction de France Télé ?
Ca va sûrement se faire.
On a l'impression que vous avez plus le profil "service public" aujourd'hui plutôt que "chaînes commerciales" ?
C'est dingue ! Je me suis toujours sentie très en phase avec ce que pouvait offrir le service public. Il y a un moment où je me sentais moins en phase avec ce que je faisais. Je ne l'ai jamais caché. C'est vrai que tout le travail qu'on a fait avec RTL ces dernières années me permet de prétendre à autre chose en télévision.
Vous avez envie de revenir aujourd'hui alors que ce n'était pas forcément le cas ces dernières années après les expériences que vous aviez eues sur les chaînes commerciales...
J'ai la certitude qu'il y a quelque chose à faire. Je sais de quoi j'ai envie et on verra. Ce n'est pas une envie comme ça. C'est mûrement réfléchi après 1.000 émissions de radio.
Vous comprenez la détresse de Julien Lepers ? Ou il faut savoir passer la main ?
Je peux comprendre sa colère. On est dans un milieu extrêmement violent en coulisses. Et parfois la violence des coulisses ressort à travers des décisions qui peuvent paraître effectivement arbitraires. Moi, je ne peux pas juger d'une décision professionnelle mais je trouve que parfois, il y a des méthodes qui sont choquantes. Et en l'occurence, je peux comprendre ce que ressent Julien comme j'ai pu comprendre ce qu'avait pu ressentir Claire Chazal. Les choses deviennent extrêmement difficiles parfois et c'est bon de savoir faire montre d'un peu d'humanité.
Est-ce qu'il ne faut pas savoir passer la main ? Après 28 ans de "Questions pour un champion", est-ce qu'il ne faut pas laisser la place aux jeunes ?
Moi je pense qu'il faut savoir passer la main en règle générale. Il faut considérer qu'il y a des histoires qui s'arrêtent ou des pages qui doivent se tourner pour aller vers d'autres choses. Mais là, on ne parle pas de ça. On parle de quelque chose d'extrêmement violent.
On termine avec une interview " J'y vais/J'y vais pas " sur des émissions qui pourraient faire appel à vos services... "Star à domicile" sur TF1, émission que vous avez présentée et qui pourrait revenir bientôt.
C'est mon émission. Je pense que je n'irai pas. Ca a été une histoire magnifique. Les gens m'en parlent tous les jours dans la rue. C'est un souvenir extraordinaire avec Jean-Luc Delarue qui a écrit cette émission pour moi. Mais je n'irais pas pour autant parce qu'il y a justement des pages qui se tournent. Je suis passée à autre chose. Cette page-là était très belle mais elle est tournée.
Alessandra Sublet, c'est un bon choix pour vous succéder ?
Oui, complètement. Vous savez, c'est une émission qu'il faut faire avec coeur et sincérité. Il y a des beaux programmes comme "Star à domicile" qui sont des écrins absolument magnifiques. Il faut juste savoir à quel point c'est précieux. C'est une émission dans laquelle on ne triche pas. A partir du moment où la personne à la tête de cette émission sera capable d'y mettre et les tripes et le coeur que j'y ai mis, je serai ravie.
"Le Grand 8" sur D8, vous iriez ? Votre nom avait été évoqué l'année dernière...
Je m'interrogerais peut-être. Une émission de filles, ce n'est pas trop mon truc. En revanche, un talk avec du monde, pouvoir parler, retrouver les gens tous les jours à l'antenne... Le rythme du quotidien me plaît terriblement.
"Le Grand Journal" sur Canal+ ?
Non. Vous savez qu'à une époque, on m'a proposé "Nulle part ailleurs" et j'estimais que je n'avais pas l'expérience. Je trouvais qu'il fallait faire preuve d'humanité. Là, cette exposition du "Grand Journal", je tire un chapeau à tous ceux qui vivent ça tous les jours. Moi, j'ai juste envie de sérénité.
"Toute une histoire" sur France 2 ?
Non, je n'irai pas. C'était vraiment une émission qu'a présentée Jean-Luc Delarue, qui lui ressemblait. C'est l'émission de Sophie Davant. Je pense que quand je réfléchis, moi, à une autre façon de mettre le témoignage à l'antenne, de donner la parole aux gens, je pense que je suis déjà sur autre chose. "Toute une histoire", c'est un beau programme de témoignage mais je pense que le monde a changé et les émissions de témoignage doivent changer aussi.
"C'est mon choix" sur Chérie 25 ? C'est devenu trop trash pour vous ?
Le trash ne m'a jamais vraiment correspondu. Je ne me suis jamais sentie à l'aise là-dedans. C'est un genre, aussi. Mais je me rends compte quand je regarde autour de moi, à quel point le monde a changé et que les gens ont envie de parler différemment. Là, vous me parlez de "C mon choix" - je ne sais pas si ça marche d'ailleurs - qui est une émission qui existe depuis très longtemps. Il y a d'autres façons de faire parler les gens. Il y a d'autres façons de s'adresser aux téléspectateurs. La télévision doit être beaucoup plus proche. On ne peut plus faire du témoignage gratuit. Il faut aussi joindre l'action à la parole. On ne peut plus juste écouter les gens parler.