Enfin ! Après des mois d'atermoiements, le gouvernement a accepté de dévoiler le sort qu'il réserve au service public de l'audiovisuel. Dans une interview au "Figaro" hier soir et une autre à franceinfo: ce matin, Franck Riester a confirmé sa volonté de regrouper la plupart des entités de l'audiovisuel public sous l'autorité d'un seul holding baptisé France Médias. France Télévisions, Radio France, France Média Monde (France 24, RFI, Monte Carlo Doualiya) et l'INA grandiront désormais à l'ombre de cette nouvelle structure qui détiendra 100% de leur capital respectif. TV5 Monde et Arte garderont quant à elles leur indépendance.
Re-baptisé "BBC à la française" par ses partisans ou "nouvel ORTF" par ses détracteurs, le futur Béhémoth sera dirigé par une personnalité désignée par un conseil d'administration au sein duquel l'Etat "n'aura pas la majorité des sièges", assure le ministre de la Culture. Concrètement, sur les 12 membres de l'assemblée, "trois seront des représentants de l'État et six des personnalités qualifiées et indépendantes (deux nommées par le Parlement, deux proposées par l'État après avis conforme du CSA et deux désignées par le conseil d'administration lui-même, au regard de leur expertise et après avis conforme du CSA). Il y aura également deux représentants des salariés", a détaillé le locataire de la rue de Valois. La personnalité pressentie pour diriger France Médias devra, avant d'entrer officiellement en fonction, être auditionnée par les commissions de la Culture de l'Assemblée nationale et du Sénat qui "disposeront d'un droit de véto au 3/5e des voix".
Les directeurs généraux des différentes entités composant France Médias seront ensuite choisis par leur conseil d'administration respectif, sous l'influence du PDG du holding, membre de chacune de ces assemblées. Franck Riester a précisé que la nomination attendue dès 2020 de la nouvelle présidence de France Télévisions se ferait selon la procédure actuellement en vigueur, soit sous l'égide du CSA. Le mandat du futur patron de la télé publique ne durera en revanche pas cinq ans, comme prévu normalement, mais seulement deux. Il prendra ainsi fin dès 2022, date de lancement du nouvel audiovisuel public et donc de début de mandat de l'ensemble des directeurs généraux des "sociétés filles" de France Médias.
Du côté de la répartition des rôles, France Médias sera en charge de la stratégie et "arbitrera les moyens financiers alloués aux différentes filiales", tout en les incitant "à bâtir des coopérations éditoriales fortes notamment sur l'information et l'offre de programmes". Pour leur part, les directeurs généraux des filiales exerceront des fonctions de direction exécutive et de directeurs de la publication. "Ils garderont la ligne éditoriale (...) Les décisions sur les contenus resteront dans les sociétés éditrices des programmes", a tenu à rassurer Franck Riester ce matin sur franceinfo:.
Au cours de ses entretiens, le ministre de la Culture a enfin confirmé la baisse d'un euro de la redevance fixée à 138 euros en 2020, sans baisse nouvelle de la dotation des sociétés de l'audiovisuel public. Il a par ailleurs accepté d'en dire plus sur la future structure regroupant le CSA, régulateur de l'audiovisuel, et la HADOPI, gendarme d'internet. Déjà annoncée il y a quelques jours lors du dévoilement d'un premier train de mesures, la future entité sera baptisée ARCOM pour Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. "Cette autorité disposera de nouveaux pouvoirs attribués par la loi récemment adoptée pour lutter contre les infox et la loi Avia contre les propos haineux (...) Elle disposera aussi de nouveaux moyens juridiques pour renforcer la lutte contre les sites illicites", a prévenu Franck Riester.