François Fillon face aux Français et aux journalistes. Lundi, le candidat à l'élection présidentielle s'est livré à une opération vérité devant les caméras des télés françaises et étrangères. Il a aussi accusé les médias de l'avoir "lynché et assassiné" politiquement ces dix derniers jours. "Vous en avez trop fait", leur a-t-il lancé. Ses soutiens l'ont évidemment trouvé convaincant. La plupart des journalistes et éditorialistes aussi, ceux-là même qui pendant dix jours n'ont cessé de répéter qu'il était fini, étouffant leurs colonnes d'analyses sur les possibles plans B.
François Fillon est "sauvé" ! "Convaincant, habile politiquement, même s'il y a eu quelques arrangements avec la vérité" a jugé Nathalie Saint-Cricq sur France 2, qui n'écarte pas une "nouvelle crise sous quinze jours s'il ne remonte pas dans les sondages". Alexis Brézet du Figaro salue ce matin un "moment de vérité". "On le disait fini, à terre, condamné à encaisser les coups jusqu'au KO, on avait tort", écrit-il. Donat Vidal Revel du Parisien est plus nuancé, reconnaissant "un acte d'autorité" de Fillon, "un appel au pragmatisme politique". "Il a été bon, il a su faire passer les bons messages", s'est emballé Jean-Sébastien Ferjou d'Atlantico sur le plateau d'iTELE.
C'est sur BFMTV que l'enthousiasme était le plus marqué. "C'était inespéré (...) Le patron, c'est Fillon", a estimé Anna Cabana. Eric Brunet, de la même maison : "Je respire. François Fillon est précis, vrai, émouvant". Il valide aussi sa thèse de l'acharnement. "Oui, on peut parler de lynchage. La médiasphère a frappé trop fort", a-t-il commenté, alors que sa chaîne, BFMTV, tourne en boucle sur l'affaire Fillon depuis dix jours. L'éditorialiste revoit même Fillon au second tour, ouf !
Ruth Elkrief a elle critiqué "la demande un peu totalitaire de transparence" de l'opinion et des médias, "à laquelle il faut en partie répondre". Il fallait attendre 20 heures pour des analyses plus nuancées sur BFMTV. "Sur le plan politique, c'est une opération réussie, il a réuni son camp, il ira jusqu'au bout quoi qu'il arrive", a commenté Laurent Neumann, frustré qu'il n'ait pas été interrogé plus longuement par les journalistes. Un sentiment partagé par Thierry Arnaud et Hervé Gattegno en plateau.
Quelques voix médiatiques se sont élevées pour revenir à l'essentiel, les faits. "Au fait, si quelqu'un peut me dire pourquoi FF présente des excuses puisque tt est légal, tt est normal, je suis preneur", a réagi Jean-Michel Aphatie sur Twitter, estimant que "le malaise est plus épais après qu'avant" la conférence de presse. "Sur le terrain des faits, Monsieur Fillon a un gros problème. Pour faire écran de fumée, il attaque la presse", analysait ce matin Fabrice Arfi de Mediapart. Christophe Jakubyszyn a lui rappelé sur TF1 qu'il n'avait "pas encore tourné la page judiciaire".
"A vous entendre, une conférence de presse et tout va mieux, un peu facile non ?" s'interrogeait lundi soir un téléspectateur de "C dans l'air" en écoutant les éditorialistes commenter la conférence de presse. Il n'est pas le seul : selon un sondage Harris Interactive/RMC, réalisé après l'intervention du candidat, 65% des personnes interrogées n'ont pas été convaincues par l'ancien Premier ministre.