Alessandra Sublet : "Je ne me laisserai jamais diriger par mon métier"

Révélation cathodique la saison précédente, Alessandra Sublet obtient en 2011 le prix de la "Meilleure animatrice de la saison" lors de la grande enquête TV Notes organisée par puremedias.com, RTL et 20 Minutes. Rencontre avec l'animatrice la plus décomplexée du PAF.

Un énième prix pour Alessandra Sublet avec C a vous, meilleure animatrice de la saison. On finit par s'en lasser, non ?
Vous rigolez ? Enfin, c'est pas les César non plus ! Ah si, là, je suis passée aux Oscars ! I'm so happy, thank you ! Plus sérieusement, si je suis fière de cette place-là, ce n'est pas pour flatter mon égo. Ca montre qu'on peut être animateur ou journaliste sur les chaînes de la TNT, ce qui est le cas de France 5 à 19 heures, tout en pouvant challenger des animateurs qui sont eux sur le hertzien. Quand on veut se lancer dans un projet, on peut le faire sur une petite chaîne avec peu d'audience et être plébiscitée par le public. Et je ne parle pas de ma personne, je parle de concept, d'ambiance. C'est génial, la voie est libre ! On retrouve un petit peu ce qu'on avait perdu sur le hertzien, ce qui était à l'époque moins guidé par les audiences. En face de moi, il y a des 2, des 3, des 4 millions. Rien n'était gagné ! Deux ans après, quand on a ce genre de récompenses, on est touché car c'est le public ! Quand mon directeur des programmes me félicite, ça me flatte mais ce n'est pas dit qu'il regarde l'émission tous les soirs ! Tant mieux surtout pour l'émission.



Vous êtes avec Nagui et Laurent Delahousse les personnalités préférées du PAF. Que des visages de France Télévisions. Pourquoi le service public est-il à ce point plébiscité selon vous ?
Ca a un sens. Parce qu'aujourd'hui sur France Télévisions, on a une certaine liberté. Je ne dirais pas la même chose si j'étais sur TF1 ou M6, ce n'est pas vrai ! Aujourd'hui je trouve que ces deux chaînes sont beaucoup plus drivées par des concepts que par des animateurs. Et d'ailleurs, c'est la politique de M6 et ça devient de plus en plus la politique de TF1 qui à une époque a beaucoup starifié ses animateurs et ses journalistes. France Télévisions a souvent fait le contraire. Aujourd'hui, je trouve qu'il n'y a rien de mieux qu'un animateur qui incarne le programme. Dans certains cas, et je donne raison à M6, comme sur la Nouvelle Star ou L'amour est dans le pré, on peut changer d'animateur éternellement, c'est le concept qui est le plus fort.

Parfois, c'est important de donner un juste regard aux animateurs sur ce qu'ils apportent. Demain, vous enlevez Nagui de son jeu, je pense que cela ne marcherait pas de la même façon. Vous enlevez Laurent Delahousse, c'est pareil. Je pense sans prétention que c'est la même chose pour mon émission. Et c'est ça qui est super en fait ! Ca ne veut pas dire que demain, on ne me remplacera pas ! Quand je critiquais à une époque les programmes où il y a un prompteur par rexemple, ce n'était pas pour donner moins de crédit à ceux qui le font. C'est juste qu'à un moment donné, si on veut exister dans ce média qui s'appelle la télévision, c'est génial de se donner les moyens d'avoir des émissions qui sont en adéquation totale avec ce que vous êtes.



Vous avez lancé un nouveau ton ?
Je pense que Christine Bravo à son époque le faisait. Je pense que Valérie Damidot à sa façon le fait. C'est vrai qu'en filles, on n'est pas nombreuses. Moi je suis très heureuse de pouvoir être comme ça, ça me manquait ! C'est évident qu'au début on se disait "Olalala, qu'est ce qu'elle fait ?!?" Et je l'ai entendu ! J'ai eu des messages de personnes qui me disaient : "Tu ne peux pas faire ça !". Et je me disais que ces gens étaient fous ! Ce prix veut aussi dire : mais respirez comme nous, tout va bien ! C'est pour ça que les propositions qui m'ont été faites pour de l'information ne m'intéressent pas. Jamais je ne pourrais être comme ça.

Ce succès monte à la tête ? On dit que vous n'y accordez pas beaucoup d'importance et que vous seriez prête à tout plaquer du jour au lendemain...
J'ai juste ma vie à côté. Et encore plus maintenant ! Du coup, je ne me laisserai jamais diriger par mon métier. En revanche, je suis passionnée par ce que je fais, j'aime ce que je fais. Je ne vais pas me mettre la pression en me disant que je dois à tout prix rester à l'antenne. Je ferai ce que j'ai envie de faire. C'est très important, ce que j'ai ENVIE de faire ! C'est ça qui me guide, pas l'argent, la notoriété. Et cette émission, elle est drivée par ça. Et après ça, ce sera pire ! Avec ce que j'ai vécu ici, il va vraiment falloir que je trouve quelque chose à la hauteur de mon envie. Et puis de la petite équipe qui m'entoure. Contrairement à d'autres, je donne moins de crédit à tout ce qui entoure ce métier.



C'est un métier comme un autre, la télé ?
Non, tu peux être assidu tous les jours, être bon journaliste, animateur et l'audience va faire de toi un être mort. Ca n'existe que dans notre métier. Il y a aussi une part de rencontres et de chances qui jouent énormément. Moi je ne suis pas très networking, je ne sors pas le soir pour aller me montrer. Et il y a la notoriété, ta façon de la gérer va influencer l'avenir de ta carrière et la façon dont tu te comportes. J'ai vu beaucoup de gens changer ! Quand tu es un chanteur, qu'il y a 80..000 personnes qui t'adulent, je veux bien ! Mais animateur ou journaliste, non ! Franchement, je ne le comprendrai jamais. A l'époque de nos Drucker et Foucault, ça se comprenait, la part du gâteau était beaucoup plus grande. Mais aujourd'hui, on est tellement nombreux. Je m'arrête demain, un an après, je pense très franchement qu'à la boulangerie, ma boulangère ne lèvera même pas la tête et me dira : "Le prix du pain, c'est 1,20 euro !".

Très sereine et lucide, donc.
Je suis sereine, ça me fera bizarre si ça arrive. Et je m'y prépare déjà ! Je me demande déjà ce que j'ai envie de faire. C'est bon signe ! Ou mauvais, ça dépend comment on le prend. J'ai des pistes dans ma tête, certaines n'ont rien à voir avec la télévision ! La notoriété t'apporte ça pour après, quand tu veux monter un projet, c'est un petit peu plus simple.

Quelles nouveautés sont attendues sur C a vous l'année prochaine ?
Pas de grosses évolutions, nous on aimerait bouger le décor. On est en train de négocier parce que ça coûte de l'argent. Après, sur le contenu, pas de grosse évolution. On a 57 minutes, c'est difficile de faire rentrer plus de choses. Et j'ai tendance à dire qu'on ne change pas une équipe qui gagne ! Mais je ne suis pas une vieille, je n'ai pas peur du changement.

Tous les chroniqueurs restent en place ? Selon nos informations, Thierry Dugeon s'en va.
J'ai une interrogation sur Thierry. Il est venu nous donner un coup de main à la sortie de Nicolas Poincaré, il a toujours été honnête en nous disant qu'il ne serait pas là forcément pour toujours. C'est lui qui décidera, et cela sera pas une raison de non entente, bien au contraire.



Si jamais il part, qui aimeriez-vous voir à sa place ?
C'est super dur, on réfléchit ! Il y a beaucoup de bons journalistes. Mais des journalistes qui seraient prêts de se mettre à la droite d'une personne atypique comme moi... c'est compliqué ! On a des pistes mais je ne dis rien pour l'instant. On va voir, je ne suis pas inquiète. Mais c'est loin d'être simple ! Thierry, on lui a quand même fait faire les pré-génériques alors qu'au début, il ne voulait pas ! Thierry a été super, il n'a pas eu peur de se rendre parfois un peu ridicule sans altérer sa crédibilité de journaliste.

Une fille ou un mec ?
Il y a des gens qui pensent que je ne ne veux pas avoir de filles dans l'émission. Ce que je pense, c'est d'une logique implacable : si on reçoit un homme politique demain, étant donné le sexisme ambiant dans ces milieux, si tu as deux nanas en face de toi, ça fait moins de poids qu'un mec journaliste. Je suis sure de ça, je n'ai pas honte de le dire. Donc je veux un garçon !

Vous auriez annoncé que c'était votre dernière saison à la tête de l'émission. Vous confirmez ?
Je n'ai pas dit ça, j'ai dit que le format de l'émission en tant que tel, 35 minutes d'interview, on les a tous reçus au moins une fois pratiquement. C'est difficile de refaire 25 minutes avec une même personne. Le format évoluera peut-être l'année prochaine, je n'en ai aucune idée à vrai dire ! Moi, je me fie à mes envies et c'est vrai que parfois, je peux changer d'horizon très vite.



La politique va truster l'actualité la saison prochaine. Est-ce que c'est un sujet qui vous passionne ?
Je n'aime pas parler de politique, j'aime recevoir les hommes et femmes politiques. Surtout autour du dîner parce qu'on parle de tout sauf de politique ! C'est ce qui va être intéressant dans l'émission l'année prochaine. On les rencontre sous un jour différent. il n'y a pas une autre émission que la mienne où les politiques peuvent se mettre à table et ne pas parler de politique. Je les invite à venir ! En parlant de la vie et du parcours de quelqu'un, on aborde l'actualité. Et je ne vais pas me lancer dans des sujets que moi-même je ne comprends pas ! Je ne veux pas paraître plus intelligente à l'antenne que je ne le suis dans la vie et je ne vais pas me transformer en intervieweuse politique.

Quels sont vos autres projets sur France télévisions ? Où en est votre idée d'émission de voyage ?
On avait beaucoup avancé, on avait monté une équipe et on s'est rendu compte que c'était un mois et demi de tournage. Il aurait fallu que je parte le 27 juin pour revenir le 15 août. Soit 10 jours de vacances... Ca a été très dur, on était prêts à partir mais moi, je ne pouvais pas. Je suis fatiguée, j'ai besoin de me reposer. Et je n'ai pas envie de partir dans certaines dérives pour tenir.

C'était quoi le projet ?
Je n'en parle pas, j'espère qu'on pourra le faire plus tard ! C'est reporté sur France Télé ou ailleurs. Ca nous appartient avec Pierre-Antoine Capton, qui est le producteur.



On vous dit très sollicitée par la concurrence. Il est difficile de résister à de gros salaires, ailleurs ?
Oui, on m'en a proposé des gros salaires. C'était pour me mettre en avant. Et aujourd'hui, ce n'est pas ça qui compte, je veux m'éclater ! Je ne peux pas m'éclater plus qu'aujourd'hui. Je trouve ça super flatteur et si ça se trouve l'année prochaine, on ne m'appellera pas. Mais ce n'est pas très grave. Les ponts d'or, ça ne compte pas. Ce qui compte, c'est l'envie et l'éclate. Et pour être souriante à l'antenne chaque jour, j'ai besoin de ça.

On dit que vous serez présente sur de nombreux primes évènementiels sur France TV comme Les Victoires de la musique, vous confirmez ?
Oui, j'avais demandé à le faire, ça m'éclate, j'ai adoré faire la soirée du Sidaction. Mais je ne vais pas empiéter sur les plates-bandes des autres. Mais si ça me plaît, comme toujours, je fonce.

On a un défi pour vous ce soir. Dire le plus de fois possible le mot "pure" pendant la chronique d'Emmanuel Maubert. C'est une pure info, vous avez une pure veste... Vous l'acceptez ?
Carrément, j'y vais ! Tu peux compter sur moi.