Interview
ITW de Fabien Namias (Europe 1) : "Je suis intimement convaincu qu'on a pris la bonne direction"
Publié le 21 décembre 2012 à 19:08
Par Julien Bellver
Dans un long entretien accordé à puremedias.com, le directeur de la rédaction d'Europe 1 Fabien Namias dévoile les nouveautés de la tranche 6h30/7h et ses objectifs pour 2013.
Fabien Namias, directeur de la rédaction d'Europe 1. Fabien Namias, directeur de la rédaction d'Europe 1.© Europe 1
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A la tête de la rédaction d'Europe 1 depuis le mois de juin, Fabien Namias impose sa stratégie éditoriale depuis la rentrée, qui passe par des coups ou des événements, comme récemment à Kaboul. Quatre mois après sa prise de fonction, il fait un premier bilan en exclusivité pour puremedias.com et détaille les nouveautés de la tranche 6h30/7h.

Propos recueillis par Julien Bellver.


François Hollande était ce matin l'invité d'Europe 1, sa première interview radio depuis qu'il a été élu président. C'est votre plus beau coup depuis votre arrivée ?

Au-delà d'être un coup, c'est un beau moment d'information qui témoigne de l'intérêt porté aux questions internationales et à la politique au quotidien. Depuis quelques mois, dans ce qu'on a pu impulser tous ensemble, il y a eu de belles choses. Notre déplacement à Kaboul était un moment intense, passionnant et inédit. Les élections aux Etats-Unis, c'était fort aussi. Tout comme à Marseille. De cette manière, Europe 1 montre ce qu'elle aime et sait faire le plus, aller là où l'événement se passe. L'interview de François Hollande s'inscrit dans ce cadre. Il y a un savoir-faire d'Europe 1 pour ça, il suffit de pousser pour que cela s'enclenche. Je suis convaincu que l'un des moteurs de rebond de l'information d'Europe 1 passe par l'événement. La venue du Président dans nos locaux, on pouvait difficilement rêver mieux.

"Réagir trop vite, ne pas être serein, c'est la maladie d'Europe 1"

Depuis la rentrée, sous votre impulsion, Europe 1 multiplie les coups. C'est stratégique en termes d'image. Et du côté de l'audience ?

La radio, c'est de l'investissement. A la télévision, quand on fait quelque chose de fort, de visible, ça paye immédiatement. En radio, il faut créer une habitude. Je crois qu'il est en train de se passer quelque chose sur Europe 1. Mais cela doit infuser, créer un bouche-à-oreille, nous devons être visibles. Faire des coups pour faire des coups, cela ne rime à rien. Les auditeurs doivent savoir que s'ils nous écoutent, ils vont saisir quelque chose de nouveau qui n'est pas ailleurs. Ce qui est strictement la vérité depuis trois mois. Mais tout ce qu'on fait aujourd'hui, on le sème, on le place. On aura le rendement dans deux, trois, six mois. Je suis intimement convaincu - la rédaction l'est avec moi - qu'on va dans la bonne direction, qu'on a pris le bon chemin. Je ne suis pas prétentieux, je suis serein. L'erreur serait d'être impatient, de vouloir changer de cap. Les résultats obtenus il y a quelques semaines sont, à mon avis, très en deça de la valeur réelle d'Europe 1. Réagir trop vite, ne pas être serein, c'est la maladie d'Europe 1. Aujourd'hui, je suis persuadé que nous savons où nous allons.

Vous aviez pour objectif en septembre dernier d'avoir une ligne éditoriale "claire et puissante", c'est le cas aujourd'hui ?

Notre ligne peut encore s'améliorer, nous avons encore de belles conquêtes. Mais elle est claire, on ne savait pas à l'époque quoi retenir d'une matinale d'Europe 1, il y avait trop de sujets, un sentiment de confusion. Aujourd'hui, il y a des dominantes, deux à trois sujets émergent fortement chaque jour de l'antenne d'Europe 1. Notre ligne est puissante aussi. Faire venir le président, c'est puissant. La première intervention de François Fillon pendant la crise à l'UMP chez nous, c'est puissant aussi. Mais ce n'est pas suffisant. Nous sommes bons pour donner les têtes de chapitre de l'actualité, on doit désormais avoir davantage confiance en nous, s'ouvrir plus, faire preuve d'une grande curiosité, savoir sortir de l'agenda, mieux diversifier les contenus. Nous ne sommes pas encore au niveau réel de la rédaction d'Europe 1.

La matinale, vaisseau amiral de la station, va être avancée d'une demi-heure à la rentrée. Pourquoi ?

Parce qu'il faut remettre les pendules à l'heure ! Il faut savoir quand il y a de bonnes idées et qu'elle ne vienne pas forcément de vous. Il y a quelques années, la matinale d'Europe 1 commençait à 6h30.

"C'est une hérésie radiophonique et horlogère de terminer une tranche à l'heure où les gens commencent leur journée"

Et Denis Olivennes, à son arrivée, a remis la matinale entre 7h et 9h30...

Quand Bruce Toussaint est arrivé, toute la matinale a été remise à plat, avec un décalage d'une demi-heure supplémentaire. On fait souvent ça pour des raisons de confort. Moi je suis intimement convaincu que l'heure de prise d'écoute à la radio la plus forte, c'est 6h30. Il y a moins d'auditeurs à cette heure mais le bond qui précède le 6h30 est le bon le plus fort en radio. Les gens se réveillent, on est dans une phase d'accélération. En termes d'impression, de rythme, de positionnement, c'est une hérésie radiophonique et horlogère de terminer une tranche à l'heure où les gens commencent leur journée. On doit épouser leur rythme, pas l'inverse. C'est juste une mise aux normes des habitudes de ce pays.

Que trouvera-t-on de nouveau dans cette tranche ?

L'objectif est de densifier l'offre d'information, ça commencera à 6h30 avec un journal plus musclé porté par Maxime Switek. Ce sera extrêmement dense, une espèce de grande bande-annonce de tout ce qui va suivre pendant la matinale. L'auditeur qui prendra l'antenne à 6h30 aura une vue complète et totale de l'actualité de la nuit et de ce qui va suivre. On enchaîne vers 6h42 avec un journal des sports chaud incarné par Guilhem Garrigues, entièrement en direct, sur le modèle d'une chronique vivante avec des séquences, des virgules. On rappelle les titres. Puis une nouvelle rubrique de Sandra Freeman parlera chaque jour d'une information censée améliorer la vie des gens dans le domaine des transports, de la santé, de l'éducation, du logement. Il y aura toujours l'économie, avec Eric Le Boucher. La chronique de Bruno Donnet reste ; elle sera adaptée à cette logique de chaleur et de direct. Et pour finir, Bruce apportera son regard sur la presse pendant deux minutes, juste avant le journal de 7 heures. Ce sera très personnalisé, hyper factuel.

Les débuts de Natacha Polony ont été laborieux. Sa chronique vous satisfait désormais ?

Il y avait un pari sur Natacha, nous nous sommes cherchés au début. Cette matinale doit avoir des points de vue, qui s'appuient sur des faits réels. Nous avons beaucoup parlé avec Natacha pour améliorer cette chronique, un vrai travail d'horlogerie. Je pense que sur ces dernières semaines, nous avons trouvé la bonne direction. Ce qu'on dit d'elle aujourd'hui, c'est bon. C'est un moment de radio auquel je crois profondément, je suis certain que les résultats nous conforteront.

"Cette saison est celle de la relance d'Europe 1, on ira chercher les points dixième par dixième"

Depuis la vague janvier-mars 2012, la matinale d'Europe 1 (7 à 9H) est systématiquement sous les 10% de PDA et les 2,9 millions d'auditeurs cumulés. Quels sont les objectifs que vous vous fixez ?

L'objectif quantifié, c'est Denis Olivennes qui le donne. J'ai des idées dans ma tête, bien sûr. Je suis bien sûr sensible aux évolutions de l'audience. J'aime cette maison, j'y crois profondément et je crois qu'elle pèse plus que ce dont elle a été créditée il y a quelques années. Je veux redonner des couleurs et la fierté à tous les journalistes qui travaillent ici. Je ne vous donne pas de point d'arrivée mais mon objectif est d'améliorer les choses. Il faut du temps, de la régularité. Un résultat long à venir ne doit pas être décourageant, rien n'est valable selon moi avant une saison complète. Cette saison est celle de la relance d'Europe 1, on ira chercher les points dixième par dixième. Gagner des gros paquets de points comme on peut le faire avec beaucoup de publicité, ce n'est pas forcément durable. Et dès qu'on arrête, ça disparaît ! J'ai connu ça à Europe 1, la station en a souffert.

Vous arrivez à être hermétique à l'agitation concurentielle pour tracer votre route ?

Totalement. Je ne suis pas hermétique quand on rate une info ou si une bonne idée se trouve ailleurs que chez nous. Les résultats des autres et les commentaires des autres... Au mieux, ça m'intrigue, j'ai toujours été étonné de ceux qui parlaient tant de la concurrence. Vous connaissez le vieil adage... "Noublie pas de dire bonjour à celui que tu croises quand tu montes car tu le recroiseras quand tu descendras."


"Cette saison est celle de la relance d'Europe 1"

Vous avez de grandes ambitions pour Europe 1. Bruce Toussaint, fragilisé dans ses autres activités, reste-t-il l'homme de la situation ?

Complètement, je ne me suis pas posé cette question. Cela n'a jamais été un sujet pour moi, Bruce s'est toujours engagé de son total investissement sur la matinale, ce qui a été le cas. Quand on a discuté ensemble de l'opportunité de commencer plus tôt, Bruce n'a pas hésité une seconde. Ce qu'il fait à la télé n'avait aucune incidence sur Europe 1. Il n'est pas du tout fragilisé pour moi. Il le serait si la matinale ne fonctionnait pas. Or, elle fonctionne de mieux en mieux. Pour moi, Bruce est consolidé.

"Je sais ce que c'est de porter une rédaction très haut et de lui casser le moral trois mois après"

Votre arrivée en juillet dernier avait été beaucoup commentée, certains vous reprochaient une certaine forme de brutalité. Tout ça est derrière vous désormais ?

Je ne suis pas le porte-parole de la rédaction. Des décisions ont pu sembler dures, difficiles, pas immédiatement compréhensibles. Mais de mon point de vue toujours justes car dans l'intérêt de la rédaction. Mon obsession, c'est l'intérêt général d'Europe 1. Il faut savoir être davantage à l'écoute, je m'efforce de le faire chaque jour. Cette rédaction travaille énormement, nous sommes moins nombreux que la concurrence. On doit faire mieux avec moins. Ils travaillent sans doute plus, ils me l'ont dit. C'est une rédaction de grands pros, elle a souffert du passé. Je me souviens d'une époque où nous avions atteint 10,1 sur un sondage, pour retomber à 8,7 sur le suivant (janvier-mars 2010 vs avril-juin 2010, sous la présidence d'Alexandre Bompard, NDLR). Je sais ce que c'est de porter une rédaction très haut et de lui casser le moral trois mois après. J'essaye de prendre une autre direction. On va y arriver ! Et mon intime conviction, c'est que la plupart des journalistes se retrouvent aujourd'hui dans l'information que nous fabriquons.

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