
Elle a décidé de briser le silence et l'omerta sur les actes perfides de monstres. Vue et entendue au tribunal correctionnel de Paris pour défendre Charlotte Arnoux et les victimes présumées du procès de Gérard Depardieu, Anouk Grinberg a souhaité raconter sa propre histoire dans un livre intitulé "Respect", et sorti ce jeudi 3 avril 2025. Tout au long des 144 pages, l'actrice française revient sur les violences qu'elle a subies dès l'enfance, et notamment ce viol par pénétration digitale, survenu alors qu'elle n'était âgée que de 7 ans. Elle qui s'est tue pendant de si nombreuses années, se sentant honteuse face à ces "crimes sexuels", enchaîne les témoignages glaçants sur le plateau de "La Grande Librairie" sur France 5, mais aussi dans les colonnes du "Nouvel Obs" ou encore de "Mediapart", pour libérer la parole autour de ce sujet et "reprendre le contrôle de sa vie". Le déclic lui est venu après avoir été diagnostiquée d'un "cancer grave" l'an dernier.
Lors d'un entretien vidéo publié par le site d'investigation, l'ex-compagne de Bertrand Blier s'est attardée sur sa relation chaotique avec le défunt cinéaste, qui avait fait d'elle sa "muse", son "fantasme", sa "chose". Une période qui constitue bien un mystère pour elle tant elle admet, aujourd'hui avec du recul, avoir "consenti à sa propre destruction". "C'était un tabou majeur pour moi de savoir et de comprendre ce que j'avais été faire dans cette histoire", indique une Anouk Grinberg encore troublée face à la caméra. "J'y suis restée dix ans, j'ai fait un enfant avec lui, j'ai fait trois films avec lui, j'ai vécu jour et nuit avec... un homme tordu et violent qui s'est servi de moi pour faire de la publicité sur sa perversité", a-t-elle ajouté, la voix tremblotante et contrainte de s'interrompre pour trouver ses mots. "J'ai été l'instrument de la culture du viol et je ne m'en suis pas aperçue", regrette la comédienne, décidée à ce que son histoire serve à d'autres "de mieux résister" à cette emprise. Et tant pis si pour ça, elle doit essuyer une tempête de critiques : "Je m’attends à des calomnies, à des agressions verbales et, en même temps, je suis dans une position confortable. Car moi, je dis la vérité".
Pourtant, sa romance avec le réalisateur des "Valseuses" avait démarré avec plein d'espoirs -"Je croyais à l'amour"- , jusqu'à ce qu'elle tourne au cauchemar. "Il agissait en propriétaire de moi, il projetait constamment sur moi des fantasmes que j’étais censée incarner à l’écran. J’étais encerclée par son regard, à la merci de ses délires de metteur en scène. Mais pour le dernier film que j’ai fait avec lui, 'Mon homme', il a dépassé toutes les limites", raconte-elle dans "Le Nouvel Obs". Les limites en question ? "Il m’a menacée et forcée à prendre des neuroleptiques pour arracher mon consentement", se souvient-elle, également "traînée chez un psychiatre" parce qu'elle n'acceptait pas de jouer le rôle proposé par le père de son enfant. Malgré tout, Anouk Grinberg a été récompensée par un prix d'interprétation à Berlin pour ce film, dont le tournage s'est avéré "une torture".