Lassé voire écoeuré. Tel est le sentiment que renvoie depuis quelques temps Jean-Pierre Mocky lorsqu'il se confie aux journalistes. Fin juillet, il fustigeait le monde du cinéma pour avoir été si peu representé aux obsèques de l'actrice Bernadette Lafont, disparue à l'âge de 74 ans. Quelques jours après, le réalisateur se lâchait sur la plastique d'Aurélie Filippetti en voulant défendre la cause des réalisateurs indépendants, souffrant de financements publics. Dans une interview à TV Mag, il pousse maintenant un coup de gueule contre la mesquinerie du monde de l'audiovisuel et l'ingratitude des médias.
Hier, Arte consacrait une soirée à Jean-Pierre Mocky en diffusant deux de ses films : "Le Miraculé" puis "La Cité de l'indicible peur". Mais pour le réalisateur, les chaînes de télévision ne le délaissent que trop souvent. "Je réalise des films pour un budget de 100.000 euros. Sur les chaînes, les décideurs qui veulent rester dans le coup choisissent des fictions ou des séries qui coûtent dix fois plus", déplore-t-il avant d'ajouter : "J'ai réalisé l'an dernier un film avec Frédéric Diefenthal, que j'ai présenté partout, mais dont personne ne veut". "Je pense aussi qu'il existe des pots de vin", confie Jean-Pierre Mocky.
Lorsqu'est évoqué l'absence d'hommage à Bernadette Lafont pour son décès survenu fin juillet, Jean-Pierre Mocky ne mâche pas ses mots. "La télé est ingrate envers certains. Elle a ses têtes. Dans le métier, quand on vieillit, on n'intéresse plus. (...) À la fin de sa vie, plus personne ne répondait à Henri Verneuil. Je me souviens de Fellini, chez qui j'étais trois jours avant sa mort. Il se plaignait que personne ne le prenait au téléphone. Je suis sûr que, quand je crèverai, personne ne s'en souciera", lâche-t-il.