Un réalisateur au franc parler légendaire s'est éteint. Jean-Pierre Mocky est mort ce jeudi à 15h à son domicile à l'âge de 86 ans, a annoncé sa famille à l'AFP. De son vrai nom Jean-Paul Adam Mokiejewski, l'homme avait débuté sa riche carrière en tant que comédien au cinéma et au théâtre. Il s'était lancé dans la réalisation en 1959 avec "Les dragueurs" et avait donné naissance au total à une soixantaine de films, parmi lesquels l'emblématique "A mort l'arbitre", sorti en 1984, mais aussi "Un drôle de paroissien", "La grande lessive" ou "Le miraculé". "Ce sont toujours des satires qui tournent autour d'un thème particulier", avait expliqué Jean-Pierre Mocky dans "Télérama" il y a quelques années.
Les deux derniers films de ce cinéaste iconoclaste, "Vénéneuses" et "Votez pour moi", étaient sortis en 2017. Au fil de ces décennies passées derrière la caméra, Jean-Pierre Mocky a dirigé des acteurs tels que Bourvil, qu'il considérait comme un frère, Michel Serrault, Richard Bohringer, Michel Galabru, Francis Blanche, Gérard Depardieu, Catherine Deneuve... "Je suis un comédien qui est devenu metteur en scène parce qu'il n'avait pas de rôle", analysait l'intéressé dans un portrait que lui avait consacré "Libération" en 2015.
Deux ans plus tôt, il avait poussé un des coups de gueule dont lui seul avait le secret pour déplorer le faible nombre de personnalités présentes à l'enterrement de Bernadette Laffont. "Dans le métier, quand on vieillit, on n'intéresse plus. (...) À la fin de sa vie, plus personne ne répondait à Henri Verneuil. Je me souviens de Fellini, chez qui j'étais trois jours avant sa mort. Il se plaignait que personne ne le prenait au téléphone. Je suis sûr que, quand je crèverai, personne ne s'en souciera", avait-il déclaré. Deux ans plus tard, Jean-Pierre Mocky s'en était pris au festival de Cannes et aux réalisateurs, à qui il reprochait de "faire des trucs chiants mais qui représentent la société pour avoir le prix !".
Depuis l'annonce du décès de Jean-Pierre Mocky, les hommages se multiplient, à l'image de celui du ministre de la Culture, Franck Riester, qui a estimé sur son compte Twitter que "Jean-Pierre Mocky c'était un style, une gouaille, des amitiés, des coups de gueule et surtout du cinéma, son cinéma : unique, inclassable, provocateur et poétique. Sa liberté de ton et son regard sur le monde vont nous manquer. Je pense à ses enfants et à ses proches". L'acteur Richard Borhinger a déclaré sur BFMTV que "son cinéma était organique mais terriblement humain".