La nomination de Jérôme Fenoglio au poste de directeur du "Monde" a été rejetée hier soir par la rédaction du "Monde". Appelés à approuver ou non ce choix par la Société des rédacteurs du Monde, les salariés ont voté à 55% en faveur du journaliste de 48 ans, actuel numéro 2 de la rédaction. Mais, selon les statuts de l'entreprise, il fallait atteindre la barre des 60% de votes favorables pour l'emporter.
En avril dernier, Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, les trois d'actionnaires du journal, s'étaient mis d'accord sur la candidature de l'actuel numéro 2 du quotidien du soir. Jérôme Fenoglio a été préféré à Gilles van Kote, qui assurait l'interim depuis la démission de Natalie Nougayrède, en mai 2014, à Jean Birnbaum, responsable du "Monde des livres", et Christophe Ayad, chef du service international. Les propriétaires du journal vont devoir proposer un nouveau nom à leurs salariés... à moins que la crise ne s'enlise...
La candidature de Jérôme Fenoglio a divisé ses collègues. Pourtant à 48 ans, il a passé toute sa carrière dans le groupe, où il a occupé de nombreuses fonctions au sein des services Sports, Société ou Sciences. Rédacteur en chef adjoint du "Monde 2", il était devenu rédacteur en chef du Monde.fr en juin 2011. En mai 2013, il avait rejoint le service des grands reporters avant d'être nommé l'année dernière directeur des rédactions.
Il n'a pas su convaincre qu'il serait l'homme de la situation pour mener les nombreux chantiers qui attendent le journal, parmi lesquels le déménagement en 2017 de l'ensemble du groupe ("Le Monde", "Télérama", "L'Obs", "Courrier international", "La Vie", Le Huffington Post, et.) dans un bâtiment unique en construction dans le sud de Paris.
Outre la mise en ordre de marche du quotidien pour la prochaine présidentielle et la gestion des intrusions d'un actionnaire toujours prompt à commenter le contenu du journal, le futur patron du journal devra également développer l'offre payante du Monde.fr, qui vient d'être boostée par le lancement d'une édition du matin pour les mobiles, et gérer la répartition des contenus exclusifs entre l'édition papier et le web.