Elle n'aura finalement pas survécu à la crise que traverse actuellement son quotidien. L'AFP annonce aujourd'hui la démission de Natalie Nougayrède de son poste de directrice du "Monde". Dans un court texte transmis à l'agence, cette dernière a expliqué n'avoir "plus les moyens d'assurer en toute plénitude et sérénité" ses fonctions. "La volonté de certains membres du Monde de réduire drastiquement les prérogatives du directeur du journal est pour moi incompatible avec la poursuite de ma mission" a-t-elle également fait savoir.
Depuis plusieurs semaines, de fortes tensions secouent le prestigieux titre de presse. Le 6 mai dernier, sept rédacteurs en chef et rédacteurs en chef adjoints du "Monde" avaient ainsi annoncé leur démission en raison d'un "désaccord" et d'une "absence de confiance et de communication" avec leur direction. "Nous ne sommes plus en mesure d'assurer les tâches qui nous ont été confiées, et c'est pourquoi nous démissionnons de nos postes respectifs", avaient écrit les journalistes dans un mail adressé à Natalie Nougayrède. Si la directrice du quotidien du soir était directement visée, Vincent Giret, directeur délégué des rédactions, et Michel Guerrin, directeur adjoint des rédactions, étaient également mis en cause par une partie de la rédaction.
Parmi les points de cripastion, la nouvelle formule du journal, qui a été repoussée à la rentrée, le projet de quotidien sur tablette et surtout, le plan de mobilité interne qui prévoit la suppression d'une cinquantaine de postes. Le 9 mai dernier, c'était finalement au tour de Vincent Giret et Michel Guerrin, les deux adjoints de Natalie Nougayrède, d'annoncer leur propre démission. Mais cela n'aura visiblement pas suffi à calmer les choses, comme en témoigne la démission aujourd'hui de Natalie Nougayrède.
La directrice quitte donc ses fonctions un peu plus d'an après sa nomination en mars 2013. Première femme à cumuler la direction du journal et celle de la rédaction (auparavant, seule Sylvie Kauffmann avait été directrice de la rédaction et uniquement du quotidien "Le Monde" entre 2010 et 2011), Natalie Nougayrède, 46 ans à l'époque, était une figure respectée de la rédaction. Cette spécialiste des questions internationales, ex-correspondante du "Monde" à Moscou et lauréate du prix Albert-Londres en 2005 pour sa couverture du conflit tchétchène, avait été élue pour 6 ans après le décès brutal d'Erik Izraelewicz en novembre 2013. Sa nomination avait été approuvée à l'époque par 80% de la société des rédacteurs du "Monde".