Le groupe Lagardère a assigné en justice Vivendi devant le Tribunal de commerce de Paris. C'est bien évidemment une affaire de gros sous qui oppose les deux parties. Explications.
Vivendi et Lagardère sont co-actionnaires de "Canal+ France", une société qui contrôle les chaînes Canal+ (Canal+, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport, etc.), le bouquet Canalsat, plusieurs chaînes thématiques (Jimmy, Comédie+, Ciné+, etc.) ainsi qu'une filiale chargée de la distribution de ces chaînes. Vivendi détient 80% du capital, contre 20% pour Lagardère. De surcroît, Canal+ France et Vivendi sont liés par une convention qui permet à Vivendi de faire "remonter" la trésorerie de Canal+ au niveau du conglomérat.
Devant la justice, Lagardère compte réclamer l'annulation de cette convention et la restitution des sommes déjà "remontées", soit 1,6 milliard d'euros. "Cette convention n'a jamais été approuvée par le conseil de surveillance de Canal+ France, indique Le Figaro qui a révélé l'information. Surtout, Lagardère estime que le groupe Vivendi utilise ces fonds, normalement placés à court terme, pour des investissements à long terme (...) Lagardère fait le constat amer que l'argent de Canal+ France ne sert pas à verser un dividende à ses actionnaires (ce qu'il réclame depuis longtemps), ni à mener une politique de développement pour Canal+ France." Bref, en tant qu'actionnaire de Canal+ France, Lagardère se plaint de ne pas toucher de dividendes que seul l'actionnaire majoritaire, Vivendi, peut décider...
Rappelons, et c'est un point important, que Lagardère cherche depuis de longs mois à sortir du capital de Canal+ France. Mais Vivendi et Arnaud Lagardère ne s'entendent pas sur les prix, le premier valorisant la part du second à 800 millions d'euros, près de deux fois moins que le prix demandé par Lagardère. Dans son communiqué, Vivendi parle d'ailleurs de "tentative de déstabilisation" pour le forcer à racheter la participation de Lagardère dans Canal+ France. Mais, a-t-il assuré, "il n'entend pas se laisser intimider par ces manoeuvres abusives qui portent atteinte à son image et fera valoir tous ses droits". Lagardère a également envisagé d'introduire sa participation sur les marchés boursiers mais l'opération a capoté face à l'atonie de la bourse.