En dix ans, il a connu trois présidents et quatre patrons de l'information. Ce matin, Laurent Delahousse était l'invité de "L'Instant M" sur France Inter. Il a évidemment commenté la crise dans les rédactions de France Télévisions, qui se réunissent en AG cet après-midi pour protester contre le management de Michel Field et sa proximité supposée avec le pouvoir politique. "Quand ça fait dix ans qu'on vit au sein de cette rédaction, on a la preuve qu'elle est libre, indépendante, dynamique, en colère parfois, souvent de manière légitime. Inquiète aussi, par les changements, par une évolution lourde d'une entreprise", a-t-il d'abord expliqué.
Les rédactions du service public ont plusieurs gros chantiers en cours : la refonte des magazines d'info décidée par Field, la création d'une chaîne en continu ou encore la fusion des rédactions. "C'est difficile aujourd'hui de demander à ces deux rédactions de travailler très très vite ensemble, analyse Delahousse. On nous a toujours demandé à France 2 d'être meilleurs que France 3, d'avoir la meilleure info à 20 Heures, de ne pas la confier au 19/20". Depuis plusieurs années, la rédaction de France 3 s'estime moins bien considérée par sa direction.
Laurent Delahousse estime les changements nécessaires mais critique entre les lignes la méthode de la nouvelle direction. "Vous ne pouvez pas demander à une rédaction de changer ses codes et se mouvoir en si peu de temps (...) On est en train d'ouvrir une nouvelle ère". Le journaliste soutient la rédaction qui alimente chaque week-end son 20 Heures : "La rédaction a raison de s'exprimer, je suis à l'écoute de ce qu'elle dit. Je n'en suis pas le porte-parole, je ne suis pas syndiqué, j'ai la chance d'incarner leur travail, c'est un privilège et un honneur". Enfin, Laurent Delahousse est revenu sur les soupçons pesant sur la future chaîne d'information, voulue par l'Elysée et qui serait donc à la botte du pouvoir. "C'est inenvisageable, et impossible avec cette rédaction", a-t-il insisté, défendant une nouvelle fois l'indépendance de l'audiovisuel public.