"Le gouvernement n'entend pas revenir sur ce montant". Mercredi, la ministre de la Culture Françoise Nyssen a réaffirmé que les économies exigées par le gouvernement auprès de l'audiovisuel public ne seraient pas revues à la baisse. En tout, ce sont 80 millions d'euros qui doivent être retranchés des budgets prévus pour 2018, dont 50 millions rien que pour France Télévisions.
La ministre a dans un premier temps tenté de minimiser cette baisse, expliquant que les 80 millions n'étaient en fait que 36 millions d'économies si on les comparait à l'exercice 2017. Sauf qu'en 2018, l'audiovisuel public avait prévu de dépenser davantage. "Les contrats d'objectifs et de moyens (COM) des groupes audiovisuels publics prévoyaient des augmentations de budget qui n'étaient pas réalistes, compte tenu de la situation budgétaire dégradée que ce gouvernement a trouvée en arrivant", a justifié la ministre.
Ces économies inquiètent évidemment Delphine Ernotte, patronne de France Télé, mais pas seulement. Dans une interview au "Monde" ce matin, Olivier Schrameck, président du CSA, avoue lui aussi que ces restrictions budgétaires pourraient poser problème. S'il reconnaît qu'il n'appartient pas aux Sages "d'émettre une appréciation sur la politique budgétaire", il rappelle que France Télévisions va déjà être prochainement confronté à la suppression de la publicité dans ses programmes jeunesse. "Comment sa présidente peut-elle maintenir l'effort exceptionnel qu'elle avait décidé en faveur de la fiction ? C'est pour nous une préoccupation", avoue Olivier Schrameck.
D'autant que le montant perçu via la redevance est voué à baisser dans les années à venir, selon lui. "En 2016, la proportion de foyers dotés d'un téléviseur était de 94%, mais, en 2020, elle se situera entre 80 et 90%", prévient le patron du CSA, selon qui il y a "depuis longtemps urgence à réformer la redevance", même si deux visions continuent de s'affronter sur le sujet : faut-il étendre la redevance aux autres écrans (smartphones, tablettes) ou simplement la faire payer par tous les contribuables ? Un débat qui n'a toujours pas été tranché.