L'annonce a surpris tout le monde. Jeff Bezos, le patron d'Amazon a annoncé hier l'acquisition par son groupe du célèbre "Washington Post" comme le rapporte "Les Echos". L'achat de ce fleuron de la presse américaine marque définitivement la prééminence de l'industrie du net sur celle de la presse traditionnelle.
La famille Graham, propriétaire du journal depuis huit décennies, a ainsi décidé d'abandonner son titre pour près de 250 millions de dollars au fondateur d'Amazon, 19e fortune mondiale avec un patrimoine estimé à plus de 25 milliards de dollars. La transaction va concerner, outre le "Washington Post" lui-même, d'autres titres détenus par le groupe comme le "Southern Maryland Newpapers" ou l'hebdomadaire en langue espagnol "El Tiempo Latino". Avec ce deal, l'entreprise d'e-commerce n'acquerra cependant pas les sites internet du groupe "Washington Post" comme "Slate.com".
Pour calmer une éventuelle inquiétude de la rédaction mise hier devant le fait accompli , Jeff Bezos a publié une lettre dans laquelle il a expliqué qu'il ne s'investira pas directement "au jour le jour" dans la gestion du quotidien. Il a ainsi annoncé qu'il déléguera cette tâche aux "excellentes" équipes dirigeantes déjà en place qui devraient donc conserver leur poste, à l'image du rédacteur en chef du journal, Martin Baron. Le patron d'Amazon a aussi affirmé comprendre "le rôle crucial que le Post joue à Washington et dans notre nation" et a assuré que "les valeurs du Post ne changeront pas".
Si cette vente du "Washington Post" s'ajoute aux nombreuses restructurationsdu secteur de la presse papier aux Etats-Unis ces dernières années, elle a tout de même une saveur particulière aux yeux de bon nombre d'observateurs. Il faut en effet comprendre la place singulière qu'occupe ce quotidien dans l'imaginaire américain. Journal de l'establisment de la capitale fédérale, le "Wahington Post" est en lui-même une institution. Fondé en 1877, il incarne la rigueur journalistique, portée à son paroxysme lors du "Watergate", l'affaire ayant conduit à la démission du président américain Richard Nixon en 1974.