Cinéaste en colère. Ce matin, le réalisateur Arnaud Desplechin prend la plume dans Libération pour dénoncer l'attitude du gouvernement dans l'affaire Léonarda. Dans une tribune publiée dans le dossier d'ouverture du quotidien, le réalisateur de "Un Conte de Noël" et de "Rois et reine" estime que "François Hollande vient de commettre une faute grave" et déplore "l'indécence" de la décision du chef de l'Etat.
Le réalisateur dénonce une décision politique prise sans prendre en compte l'intérêt de la "très jeune femme". "La France se portera-t-elle mieux ou moins bien si la jeune Léonarda Dibrani est expulsée ou non ? Comment ose-t-on mettre ainsi en balance une souffrance singulière et l'avenir d'un pays ?", s'interroge Arnaud Desplechin qui n'hésite pas à parler de situation "obscène", révélatrice selon lui de la "lepénisation des esprits".
"Je m'imagine, perdu dans un pays où je n'ai jamais vécu, attendant une simple réponse administrative, tremblant, quand je réalise soudain que tout un peuple se prend à se gratter le menton pour savoir si ma rentrée scolaire est souhaitable ou non.(...) Soixante millions de Français contre une seule indésirable, c'est vertigineux", poursuit le cinéaste qui critique ouvertement les nombreux sondages publiés dans les journaux où les Français sont questionnés sur le sort de Léonarda.
"François Hollande (...) a paniqué imagine-t-on ; cette panique du plus haut représentant des institutions françaises devant la détresse humble de la jeune Léonarda est une indignité et une violence inédite", insiste-il en appelant au retour de la jeune kosovare, "seule décision qui puisse amener un peu de mesure". Le réalisateur termine en soutenant les manifestations de lycéens. "Je marcherai derrière eux, pour chacun d'entre nous. Donc pour Léonarda Dibrani."