"Le Petit Journal" de Yann Barthès est-il une émission d'information comme une autre ou un simple divertissement ? Ses journalistes ont-ils droit à la carte de presse comme les reporters des 20 heures ou les rédacteurs de presse écrite ? Ce sont les questions posées par le site Arrêt sur images à la commission de la carte des journalistes professionnels après la polémique avec Jean-Luc Mélenchon qui accusait l'émission de "tordre la réalité".
"Je pense que la question de ce renouvellement (de leurs cartes de presse) peut se poser. Est-ce que le Petit journal, c'est du divertissement ou de l'information ? s'interroge Eric Marquis, président de la commission de la carte des journalistes professionnels (...) Je suis assez réservé sur le mélange des genres (...) Les auteurs des Guignols, par exemple, n'ont pas de carte de presse. Ce n'est pas parce que l'on utilise les mêmes outils - reportage, interview ... - qu'il y a une démarche d'information derrière".
Si la question se pose pour les journalistes du Petit Journal, elle devrait aussi se poser pour bon nombre d'émissions où des journalistes travaillent en coulisses pour un format qui n'est pas de l'information pure et dure. "Le Grand Journal", "L'Edition Spéciale", "Salut les terriens", "C'est au programme", "Toute une histoire", "Midi en France" ne sont pas des émissions d'information, elles ne dépendent pas de la direction de l'info de leurs chaînes mais bien souvent des divertissements. On parle alors d'infotainment, formats mélangeant divertissement et information.
Par ailleurs, les reporters et rédacteurs du "Petit Journal" n'exercent-ils pas un métier journalistique quand ils relèvent une tentative de bidonnage sécuritaire dans une émission de TF1 ? Ou quand ils déjouent sur le terrain les stratégies de communication des candidats à la présidentielle ? Si "Le Petit journal" est un divertissement, ne peut-on pas considérer alors que les journalistes des hebdomadaires légers (presse people, féminine, glamour) écrivent aussi pour "divertir" leurs lecteurs ?
"Le problème, c'est qu'il n'y a pas de définition officielle de ce que sont les tâches du journaliste. On peut le définir comme une recherche d'info, avec vérification, mise en perspective" reconnaît Eric Marquis qui annonce qu'une cinquantaine d'émissions de la TNT sont aussi sur la sellette. La carte de presse est symbolique, elle offre des avantages pratiques à ceux qui la possèdent comme l'accréditation rapide aux représentations officielles, qu'elles soient politiques ou culturelles. Récemment, malgré la carte de presse dans leur poche, les reporters du "Petit Journal" ont été boycottés par Jean-Luc Mélenchon.