Quitte à ne pas être distribués, autant ne pas être imprimés ! Les quotidiens nationaux sont tous absents des kiosques aujourd'hui. Mais la raison de cette absence est inédite : ce sont les patrons de presse qui ont décidé de ne pas envoyer à l'imprimerie leurs journaux datés du mercredi 6 février. Ils devancent ainsi le nouvel appel à la grève lancé chez Presstalis.
La vaste restructuration (qui envisage la suppression de 1.250 de ses 2.500 postes) est fortement contestée par les syndicats de cette entreprise chargée de distribuer les journaux. Cet après-midi, la CGT du livre a voté la grève, bloquant ainsi la distribution des journaux de demain. Jusqu'ici assez compréhensifs, les patrons de presse ont ainsi voulu montrer la "gravité exceptionnelle" de la situation, selon les mots du Syndicat de la Presse quotidienne nationale (SPQN).
"Le blocage annoncé met en cause la viabilité économique de la société Presstalis, fait peser un risque insoutenable sur les 30.000 marchands de journaux répartis sur le territoire", s'inquiètent les patrons de presse via le SPQN. "Il fragilise considérablement les sociétés de presse qui subissent des pertes de recettes récurrentes", ajoutent-ils en estimant qu'en quatre mois, une trentaine de mouvements sociaux ont affecté la distribution de leurs titres.
Pour limiter les pertes, les journaux ne seront diffusés que sur internet. Marc Feuillée, patron du Figaro, s'alarme au micro de France Info : "Faute de solution rapide, c'est l'ensemble de la filière industrielle et logistique de la presse qui est gravement menacé, et donc l'existence des journaux".