Depuis plusieurs années, les Etats rivalisent de dispositifs fiscaux avantageux pour attirer sur leur territoire les tournages des grandes séries. Ils tentent ainsi de tirer le meilleur parti d'un marché en forte croissance et en voie rapide de globalisation. Comme dans bon nombre de domaines de l'économie, les Etats sont désormais mis en concurrence par les producteurs qui n'hésitent pas à délocaliser leurs productions dans les pays où les dispositifs de soutien sont les plus avantageux.
Dans ce contexte, les producteurs français de "Versailles" menacent aujourd'hui dans Le Figaro (payant) de délocaliser le tournage de la saison 2 de leur série évènement. Ils justifient cette possible décision par la faible attractivité des aides françaises par rapport à celles d'autres pays limitrophes. D'après leurs estimations, les aides qu'ils pourraient toucher en France devraient ainsi s'élèver à 3,5 millions d'euros, pour un budget de production de 30 millions d'euros. C'est beaucoup moins que ce qu'ils pourraient toucher en Belgique, un pays où de nouvelles incitations fiscales leur permettraient de toucher 7 millions d'euros d'aides. Les producteurs de la série demandent donc au gouvernement français de renforcer le dispositif de soutien français via la loi de finances pour 2016 bientôt débattue au Parlement.
Cette sortie des producteurs de "Versailles" rappelle celle faite récemment par Luc Besson. Fin août, le réalisateur français avait expliqué qu'il ne pourrait peut-être pas tourner en France sa prochaine superproduction baptisée "Valérian". Il avait alors pointé du doigt le système des crédits d'impôt français. "Il y a un tout petit problème qui s'appelle les crédits d'impôt qui, en France pour les films français, sont de 20% et pour les films étrangers de 30%... Le seul souci, c'est que je fais un film français en langue anglaise donc j'ai droit à zéro en tant que film français. En tant que film étranger du coup, j'ai droit à zéro parce que le producteur est français. Je suis dans une espèce de trou juridique", avait expliqué le réalisateur sur RTL. Doté d'un budget de 170 millions d'euros, "Valérian" doit employer 1.200 personnes pendant six mois.
Le cinéaste avait expliqué à l'époque qu'une délocalisation en Hongrie lui permettrait de récupérer à peu près 35 à 40% du budget global du film. "Je suis patriote, mais 15 à 20 millions ça commence à faire un peu lourd", avait commenté Luc Besson. Le gouvernement semble visiblement disposé à lui donner raison et a ajouté un amendement dit "Besson" dans la loi de finances pour 2016.