Un livre-enquête qui a valu à son auteur une garde à vue et une mise en examen. Selon une information du "Point" confirmée par l'AFP, le journaliste Alex Jordanov a passé 48 heures en garde à vue la semaine dernière et a été présenté vendredi à une juge d'instruction qui l'a placé sous contrôle judiciaire et lui a signifié sa mise en examen pour "divulgation de secret-défense, recel de violation professionnel, recel de violation du secret de l'instruction et révélation d'information permettant l'identification d'une source". "Le Point" indique que le domicile du journaliste a été perquisitionné lundi dernier.
En cause, la parution en 2019 d'un ouvrage intitulé "Les guerres de l'ombre de la DGSI, plongée au coeur des services français" qui contient aux yeux de la justice trop de détails sur les pratiques des services de renseignements intérieurs ou l'identité d'agents ou de sources, obtenus après avoir gagné la confiance de certaines personnes en interne. Deux policiers, soupçonnés d'avoir livré des informations confidentielles au journaliste, ont également été présentés à une juge d'instruction en vue de leur mise en examen.
Pourtant, comme le rappelle l'AFP, Alex Jordanov avait pris un certain nombre de précautions avant la parution de son livre-enquête en le faisant relire selon son éditeur par des spécialistes du renseignement "pour ne pas porter atteinte au travail en cours des services". Alex Jordanov avait déjà été entendu en février 2020 par la Brigade des répression de la délinquance contre la personne de la police judiciaire parisienne pour des soupçons de violation du secret-défense.
L'avocat d'Alex Jordanov, Me William Bourdon a dénoncé une décision "sans précédent" concernant son client. "C'est une attaque contre le devoir d'investigation des journalistes d'une très grande gravité. Cette opération musclée constitue d'évidence une double intimidation politique à l'égard des journalistes et des policiers pour les dissuader d'être curieux ou bavards", a-t-il déploré.