Objectif apaisement. Hier après-midi, Alain Weill et Hervé Beroud, respectivement patrons d'Altice et de BFMTV, se sont expliqués devant plus d'une centaine de journalistes de la rédaction. Une réunion de dialogue interne, organisée à l'initiative de la direction, et ouverte à tous, contrairement aux échanges en petit comité du début de semaine dont nous avons fait mention hier. Au cours de l'échange, la direction a tenté de démontrer qu'elle avait bien entendu la colère exprimée par la rédaction, et dont la SDJ de la chaîne se fait le porte-voix. Pour rappel, après plusieurs semaines de couverture intense et quasi-continue du mouvement des Gilets jaunes, les journalistes de BFMTV, ciblés à répétition par des manifestants depuis le 17 novembre, ont fait part de leur ras-le-bol lundi en décidant d'un boycott symbolique de la couverture du mouvement.
Face aux journalistes de la chaîne, Hervé Beroud et Alain Weill ont réaffirmé le positionnement de BFMTV comme "chaîne de l'événement", et la nécessité pour elle de continuer à couvrir le mouvement. Hervé Beroud a reconnu un "déficit de dialogue" ces dernières semaines, imputé au récent déménagement de la chaîne et au temps passé à la gestion des remplacements des journalistes ayant profité de la clause de cession. Les deux dirigeants ont par ailleurs annoncé la création d'un comité éditorial, dont la composition sera arrêtée en concertation avec la SDJ de la chaîne, et l'organisation d'un séminaire, la semaine prochaine, au cours duquel les journalistes pourront faire des propositions à la direction.
De son côté, la SDJ a fait voter un texte, rédigé suite à une assemblée générale organisée mardi et approuvé hier par 99% des 173 votants (sur 225 inscrits). Dans ce document, que puremedias.com a pu consulter, les journalistes expriment leur souhait de "retrouver un climat de travail serein, épanouissant et efficace". Ils réclament que BFMTV soit reconnue pour la "qualité de ses contenus", demandant à ce que les reportages retrouvent plus de place à l'antenne, à ce que celle-ci soit moins consacrée à une seule information. Ils déplorent aussi un déficit de dialogue et un manque de considération pour les propositions émises par les journalistes de la chaîne et évoquent le sentiment d'un management parfois "agressif" de la part de la direction.
Le retour à plus de dialogue pourrait en tout cas permettre à la rédaction de retrouver un climat plus serein après ce début d'année mouvementé. Interrogé par nos confrères du "Parisien", François Pitrel, le patron de la SDJ de la chaîne, se réjouit de "dialogues constructifs entre journalistes et direction". "On va dans le même sens et c'est plutôt positif" a-t-il ajouté. Dans le texte adressé à la direction, la rédaction rappelle d'ailleurs que la motion de défiance n'a pas été retenue afin de "privilégier une option plus constructive".