Pour son vingtième numéro, #QHM recevait ce mercredi Maxime Guény, journaliste spécialisé qui officie depuis dix ans dans les colonnes de "Média+" et révélé au grand public l'an dernier dans "Touche pas à mon poste". Après des premiers pas en tant qu'expert média, il a été promu chroniqueur récurrent et a même eu le droit récemment à son propre prime, "La Magie selon Guény". L'occasion de revenir sur ses douze derniers mois sur C8, sur sa place et son image dans la bande de "TPMP" mais aussi sur la tribune de Bernard de la Villardière contre l'émission et sur le conflit qui oppose TF1 à Canal+, Orange et Free. puremedias.com vous propose de découvrir l'intégralité du "Quart d'heure médias" en vidéo ci-dessus, et une sélection de ses réponses ci-dessous.
Sur son arrivée dans "TPMP"
J'ai dit oui tout de suite ! Ils m'ont d'abord invité en tant qu'expert média, et je me suis dit que c'était une expérience, que j'allais mettre ça sur mon CV. Et les choses se sont accélérées, ils m'ont réinvité et au bout du dixième numéro, je suis resté dans le prime qui suivait - ce n'était pas du tout prévu - parce que Cyril Hanouna m'a proposé de rester. J'ai pu prouver que je pouvais parler de média, mais pas que ! J'ai fait de l'improvisation et dès le lendemain, j'ai eu mon premier cachet. Au départ, je venais deux fois par semaine et là, j'ai la chance que ça soit cinq jours sur cinq.
Sur le bilan de sa première année
Qu'est-ce que c'est galvanisant ! C'est la folie tous les soirs, avec beaucoup de remise en question parce que c'est de la quotidienne, il faut être extrêmement rigoureux dans tout ce qu'on fait et tout ce qu'on prépare. Quoi qu'on en a dise, il y a énormément de séquences, dans les jeux, les audiences qu'on évoque, les coups de coeur, les coups de griffe... Et surtout, j'ai appris à connaître des gens formidables, à commencer par Cyril Hanouna qui m'a donné ma chance - ce n'est pas simple aujourd'hui pour un producteur de le faire de la sorte.
"Le moindre petit mot, la moindre petite chose peut être reprise, parfois déformée dans la presse"
Sur le fait que "TPMP" soit extrêmement scrutée
Il n'y a aucun poids ! Moi, j'ai juste pris la conscience de la responsabilité dans ce qu'on dit. Le moindre petit mot, la moindre petite chose peut être reprise, parfois déformée dans la presse. On le sait, on est là parfois pour faire cliquer. Au départ, c'est assez intéressant et impressionnant de voir à quel point les gens sont investis dans les réseaux sociaux. Et après, on s'y habitue.
Sur les polémiques avant son arrivée
Ca ne m'a aucunement inquiété. Le plus important, dans cette émission, c'est de rester soi-même. C'est un grand bateau, et le commandant de bord sait très bien où il va. On est quand même la seule émission en direct total depuis bientôt sept ans, sur C8, avec des audiences qui nous ont placé en tête des talk shows en 2017. Donc on se rend compte que "TPMP" fait parler. Il se passe des choses, il y a du relief. On ne fait pas de la télé à papa. Cyril Hanouna l'a bien compris ! On est là pour parler, on met les dossiers sur la table, et on les évoque de façon très cash, parfois sans filtre, et c'est pour ça que les gens nous regardent.
Sur la vie privée des chroniqueurs parfois dévoilée dans l'émission
J'essaye de conserver mon intimité, évidemment, mais il faut se donner un peu dans "TPMP", se mouiller un peu. Si je dis que je suis célibataire, ça ne va pas forcément aller plus loin. Il faut en jouer également, c'est du divertissement. Si je fais un rendez-vous galant un soir, je n'en parlerai pas forcément dans l'émission le lendemain. Mais il y a des choses qu'on peut dire, ça fait toujours rigoler. Et on est autour d'une table avec des amis, donc ça fait partie de ce dont on parle. C'est ce qui rend les chroniqueurs attachants, un peu comme dans une sitcom.
"TF1 ne peut pas rester dans cette position longtemps"
Sur son travail "à Média+", quotidien à destination des pros des médias
Je déteste qu'on mette les gens dans des cases. Dans ce cadre-là, je suis journaliste très professionnel, je passe ma vie à interroger les patrons de chaînes, les producteurs, de toutes les chaînes, y compris C8. Mais ça ne complique pas le rapport. On peut parler des échecs, je peux demander quelle est la stratégie, où il veut aller... Je change de casquette. Je m'amuse énormément avec "Média+".
Sur toutes ses casquettes
Je livre neuf interviews par semaine de dirigeants média pour "Média+" ; pour "Télé Star Jeux", je fournis un grand entretien mensuel avec une personnalité de la télévision. Pour "Ciné Télé Revue", premier magazine belge, je fais des articles. J'ai fait un remplacement à Sud Radio la semaine dernière, j'ai participé pendant cinq ans au "Grand Direct des médias" sur Europe 1 et j'ai une émission de radio chaque mercredi entre 22h et 23h30 sur VL, une webradio qui donne sa chance aux jeunes. Avec un invité et ma bande, je fais de l'animation, pas du journalisme. On parle du showbiz, de toutes les petites actualités. Ca m'amuse et j'apprends.
Sur le conflit Canal+/TF1
Personne ne sait pour l'instant qui va perdre. Je me mets à la place du consommateur, c'est très embêtant ! Ce que je crois comprendre, c'est qu'il y a une vraie partie de poker entre Orange, Free et Canal+ d'un côté, et TF1 de l'autre. Mais TF1 perd de l'audience, et comme la quasi-totalité de ses revenus sont soutenus par la publicité, on est obligé de faire quelque chose rapidement. TF1 ne peut pas rester dans cette position longtemps. Je crois que c'est aussi mauvais pour tout l'éco-système, au-delà de TF1, il faut une stabilité économique pour tous les groupes audiovisuels.
"Cyril Hanouna ressent le truc, c'est un instinctif, c'est ça qui fait le succès de l'émission"
Sur le fait que Cyril Hanouna coupe beaucoup ses chroniqueurs
La règle du jeu dans "TPMP", c'est d'être rapide et efficace. Lorsque Cyril nous briefe, il nous dit trois choses : "Soyez bons, soyez rapides et soyez drôles". C'est la promesse de l'émission. Entre 19h10 et 21h10, il faut aller droit au but. Cyril Hanouna est très fort, il a une petite baguette comme un chef d'orchestre, il ressent le truc, c'est un instinctif, c'est ça qui fait le succès de l'émission. Il a compris la mécanique du jeu.
Sur les blagues à son insu
C'est le jeu ! La télévision, c'est beaucoup de second degré, surtout quand on participe à "Touche pas à mon poste". J'ai un petit côté sérieux décalé, donc je reste tel que je suis. Mais si on m'avait vraiment moqué, je ne ferais plus partie de l'émission. J'ai beaucoup d'auto-dérision. Il ne faut pas être susceptible quand on est dans "TPMP". Tout est de la rigolade, franchement.