Même pas peur ! Comme le soulignent nos confrères du "Figaro" dans l'édition de ce jour, l'année 2019 va être décisive pour Netflix. Monarque quasi-absolu au royaume des plateformes de streaming, la firme de Los Gatos va voir débarquer dans les mois qui viennent de nouveaux concurrents de poids. Dans le même temps, déjà présent sur le marché international, Amazon ne compte par s'écarter du chemin du géant au logo rouge. Ce dernier doit aussi composer avec Hulu, future propriété de Disney, qui possède le joyau "The Handmaid"s Tale dans son catalogue, et dont l'offre hybride entre streaming et live TV lui a permis de séduire 25 millions d'utilisateurs aux États-Unis l'année dernière.
En plus de ces deux concurrents, Netflix devra bientôt ferrailler avec Disney+, la plateforme SVOD de Disney qui a, outre son catalogue propre, rien de moins que les franchises "Marvel", "Star Wars" et les contenus Pixar dans son escarcelle. Cette année verra aussi la naissance de la plateforme de WarnerMedia (AT&T), maison-mère de Warner Bros. (propriétaire notamment de la franchise "Harry Potter") et de la chaîne HBO ("Game of Thrones"). En outre, Apple travaille également à la mise en orbite prochaine d'un service qu'elle envisage de proposer dans plus de 100 pays en s'appuyant sur son parc colossal estimé à 1,3 milliard d'utilisateurs. À cela s'ajoutera aussi NBCUniversal qui ambitionne de proposer sa propre plateforme en 2020.
Face à l'arrivée de cette armée de concurrents, Netflix tient à faire savoir que ce ne sont pas eux qui la font trembler. Dans une lettre adressée à ses actionnaires, la plateforme de Reed Hastings affirme que "(son) attention n'est pas portée sur Disney+, Amazon ou les autres". "Nous sommes en compétition (et perdons beaucoup plus) face à 'Fortnite' (jeu multijoueur en ligne gratuit, ndlr) plus que face à HBO", ajoute la plate-forme, qui se positionne également face à Youtube. "Quand Youtube a été inaccessible partout dans le monde pendant plusieurs minutes en octobre dernier, notre audience et nos inscriptions ont explosé sur cette courte période", explique Netflix.
Du haut de ses 139 millions d'abonnés en 2018, selon ses propres chiffres, Netflix reconnaît donc craindre "Fortnite", dont l'éditeur Epic Games assure qu'il rassemble 200 millions de joueurs à travers le monde, qui apparaît comme un véritable aspirateur d'attention. Les deux partagent donc assurément un socle commun d'utilisateurs et Netflix a fatalement en tête le fait que le temps passé par ceux qui jouent à "Fortnite" est autant de temps de visionnage perdu pour elle. La plate-forme a d'ailleurs récemment fait un premier pas vers l'interactivité, que certains interprètent comme un début de réponse à "Fortnite", avec l'épisode "Bandersnatch" de "Black Mirror".