Un plaidoyer pour la concentration. Dans une interview accordée aux "Echos" ce matin, Nicolas de Tavernost a appelé les pouvoirs publics à revoir les dispositifs anti-concentration dans les médias. Selon le patron de M6, ceux-ci désavantageraient les acteurs français du marché face aux géants américains. "Aux Etats-Unis, partout dans le monde, un vaste mouvement de consolidation est en cours. Et ceux qui n'y participeront pas seront marginalisés ou se retrouveront en situation de dépendance. Or, en France, et plus globalement en Europe, les réglementations nous empêchent de bâtir de puissants groupes audiovisuels capables de rivaliser avec les nouveaux acteurs type Netflix ou Amazon", a ainsi regretté Nicolas de Tavernost.
Le patron de M6 a donné en exemple Salto, la plateforme de SVOD que compte lancer en juin prochain TF1, France Télévisions et M6. "Salto est frappé par des mesures coercitives que n'ont aucun de nos concurrents internationaux. C'est anecdotique mais révélateur : je n'ai même pas le droit d'avoir un badge permanent me permettant d'accéder aux locaux de Salto... Les lunettes des autorités européennes doivent donc changer, et vite. Je vais profiter du temps qu'il me reste à la tête de M6 pour pousser fortement ces idées", a annoncé Nicolas de Tavernost, 69 ans, dont le mandat de président du directoire de M6 a été prolongé jusqu'en 2022.
Cette prise de parole de Nicolas de Tavernost intervient alors que M6 a publié hier ses résultats financiers pour 2019. Le groupe audiovisuel privé a réalisé un chiffre d'affaires consolidé de 1,456 milliard d'euros, en hausse de 35 millions d'euros sur un an, bien aidé par l'intégration en fin d'année de Gulli. M6 peut se targuer d'un taux de marge opérationnelle courante de 19,5% (+0,8 point), au plus haut depuis 19 ans. En hausse de 18,3 millions d'euros, le résultat opérationnel courant s'élève pour sa part à 284,4 million d'euros (+18 millions).