1987-2024. Trente-sept ans après le lancement de M6 par Jean Drucker, Nicolas de Tavernost, architecte de la première heure de la petite chaîne qui monte – il était directeur général adjoint dès 1987 – annonce, dans "Le Figaro" ce mardi 13 février 2024 à l'occasion des résultats annuels de l'entreprise, qu'il quittera le 23 avril prochain la présidence du directoire du groupe basé à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).
Après avoir repoussé son départ à maintes reprises en raison de "circonstances exceptionnelles" – le projet de fusion avec TF1 qui a finalement échoué et l'appel à candidature pour la fréquence 6 "pour laquelle on a dû batailler" avec Xavier Niel – Nicolas de Tavernost, dernière grande figure du PAF, cédera sa place à David Larramendy, l'actuel directeur général de M6 publicité. Son départ était attendu plutôt en 2025.
À l'écouter, le futur ex-patron du groupe qui comprend, outre M6, les chaînes W9, Gulli, 6ter, Paris Première, Téva et les stations RTL, RTL2 et Fun Radio, laisse à son successeur un empire en bonne santé financière. "Nous affichons un résultat net parmi les meilleurs enregistrés par le groupe, à 234 millions d'euros. Il est en augmentation de 45% sur un an, en raison de belles plus-values de cession d'un certain nombre de diversifications. Le résultat opérationnel, même s'il est en légère diminution, du fait de la baisse des revenus publicitaires, atteint plus de 300 millions d'euros. Et nous conservons une marge opérationnelle de près de 23%", se gargarise-t-il.
Refusant de reconnaître l'érosion d'audience de M6, Nicolas de Tavernost s'accroche aux données positives. "En 2023, les chaînes en clair du groupe M6 sont celles qui ont le plus progressé sur la cible commerciale des 25-49 ans. Nos programmes phares se portent bien et l'année 2024 commence sur les chapeaux de roue avec les retours de 'Pékin Express' ou 'Qui veut être mon associé ?'. D'autres arrivent prochainement, à l'image de 'Top chef', 'Les traîtres' ou 'Mariés au premier regard'", trépigne-t-il.
Avant de tourner la page, le président du directoire du groupe M6 lancera en grande pompe, le 6 mars prochain, le nouveau service de streaming de M6, "une nouvelle plateforme baptisée M6+". "Nous avons attendu la définition des SIG d'une part, le renforcement des acquisitions de programmes d'autre part pour présenter notre plan d'accélération (...) Ce plan va s'appuyer sur les grands succès actuels de 6Play et je ne doute pas que le groupe M6, qui a été le premier à lancer le streaming en 2008, sera co-leader sur le marché AVOD", martèle-t-il.
"Nos objectifs sont clairs : doubler a minima la consommation sur la plateforme avec 1 milliard d'heures consommées et tripler les revenus streaming pour atteindre 200 millions d'euros à horizon 2028", conclut-il. Avec "un demi-milliard d'euros de trésorerie" et "une caisse pleine", Nicolas de Tavernost, enthousiaste, déroule la feuille de route de son successeur. Il garantit un feuilleton quotidien sur M6, pourtant remis en question il y a peu, au premier semestre 2025. "Nous étudions également la possibilité d'un feuilleton sur W9", surenchérit-il.
Rodolphe Belmer, président-directeur général de TF1 a rendu hommage, sur X ce mardi, au "meilleur concurrent". "J'apprends avec émotion et incrédulité l'annonce du départ de Nicolas de Tavernost de la barre du groupe M6. Pendant près de 40 ans il aura été le meilleur concurrent, acharné, agile et flamboyant, du groupe TF1 et aura forcé notre respect et notre admiration", a-t-il écrit. L'histoire retiendra en effet que le tandem Patrick Le Lay-Étienne Mougeotte, d'un côté, et le duo Nicolas de Tavernost-Thomas Valentin, de l'autre, ont entretenu une rivalité sans borne, notamment à l'heure où la télé-réalité a émergé en France. Les deux groupes ont aussi su s'allier pour accompagner les évolutions technologiques – TPS (Télévision par satellite) ; Salto... – et quand le business le nécessitait.