Si une nouvelle télévision a été inventée pendant le confinement, une autre, tout aussi inédite, est actuellement en train de sortir de terre. Depuis le début du déconfinement le 11 mai, les producteurs ont ainsi repris le chemin des tournages ou s'apprêtent à le faire, et ce dans des conditions sanitaires bien plus strictes qu'auparavant. A charge pour eux de réinventer leurs programmes, comme l'ont déjà fait "Les 12 coups de midi" de Jean-Luc Reichmann sur TF1 ou encore "N'oubliez pas les paroles" de Nagui sur France 2.
Une nouvelle donne sanitaire qui engendre inévitablement des coûts supplémentaires pour tous les tournages. Ce surcoût sera par exemple de l'ordre "de 5 à 10%" pour les feuilletons "Demain nous appartient" et "Plus belle la vie", selon Guillaume de Menthon, le directeur général adjoint de Newen, société qui produit les deux programmes. Des sommes que les producteurs espèrent bien être en partie prises en charge par le diffuseur.
Ceux qui travaillent avec France Télévisions devrait pouvoir compter sur un tel soutien. "Nous avons décidé d'aider les producteurs et d'assumer 50% des frais engendrés", a ainsi assuré aujourd'hui Takis Candilis, le numéro 2 du groupe, au "Monde". Si France Télévisions, financé par la redevance, peut plus facilement se permettre de mettre la main à la poche pour aider ses prestataires, c'est plus compliqué pour les chaînes privées. Durement éprouvées par l'effondrement du marché publicitaire, toutes ont décidé de mettre en oeuvre de drastiques économie pour leur grille de programmes.
Comme le rapporte "Le Monde", le géant de la production Banijay a ainsi dû assumer seul l'annulation des "Apprentis Aventuriers", la télé-réalité de W9, dont les candidats ont dû être rapatriés de Thaïlande au début du confinement. François de Brugada, le patron de la société en France, n'est d'ailleurs toujours pas sûr que le groupe M6 aidera à financer les surcoûts à prévoir pour le programme phare de W9, "Les Marseillais", dont les candidats et l'équipe technique vont sans doute devoir être mis en quatorzaine avant le début du tournage. Autant de nouveaux frais à assumer pour une nouvelle économie de la télévision qui reste encore largement à inventer.