Musique
Patxi : "Il ne fallait pas faire un disque pour faire un disque"
Publié le 31 mai 2010 à 12:45
Par Julien Mielcarek
Il sort aujourd'hui son deuxième album, "Amour carabine".
Patxi Patxi© Atmosphériques
Patxi
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Il y a quatre ans, Patxi signait un premier album remarqué. Celui qui s'est fait connaître en participant à la Star Academy sur TF1 a pris son temps pour dévoiler son deuxième opus, [musique:377092 "Amour carabine"], un disque plus musical et abouti que son premier album. En deux disques, Patxi est parvenu à effacer tous les procès d'intention qu'on peut faire à un jeune homme révélé par un télé-crochet. Qualifié par certains critiques de "coup de maître", [musique:377092 "Amour carabine"] mêle des mélodies efficaces à des textes profonds, autour de l'amour déçu et de l'exil. Pour Ozap, Patxi raconte la genèse de ce nouvel album et évoque sa jeune carrière dans une industrie du disque en crise. Entretien.

Ozap : En 2006, lors de la sortie de ton premier album, tu avais dit sur Ozap que tu comptais en sortir rapidement un deuxième... Quatre ans plus tard, on ne peut pas dire que ce soit très rapide !
Patxi : Ah oui tu vois, c'était ce que j'étais en train de me dire aussi (rires). Il ne fallait pas faire un disque pour faire un disque mais faire un album parce qu'il s'imposait, que les chansons étaient là, le son différent, et que c'était le moment de le sortir. Ça a pris quatre ans, c'est long.

Ça veut dire que tu as tâtonné pour trouver le bon son ?
Un petit peu au début. Le premier album est sorti en 2006 puis il y a eu deux ans de concerts donc ce n'était pas vraiment le moment de travailler sur un nouveau truc. Ensuite, c'est vrai qu'il y a eu quelques petits flottements parce que je n'avais pas les bonnes chansons, je n'y arrivais pas trop. Puis, à un moment donné, il y a eu le titre "La vie normale" et là, tout s'est déclenché. Ça a été le point de départ. On s'est mis en studio avec Sébastien Lafargue : on a passé un an à chercher, tout millimétrer et une fois pour enregistrer, ça a duré un mois car tout était déjà calé.

Tu as fait beaucoup de concerts durant ces années, tu n'as peu envie de sortir un live ?
Le son de ce disque est venu du live car le premier album était très acoustique, très boisé, avec des guitares, de la contrebasse. Au fur et à mesure des concerts, j'ai ajouté des guitares électriques, j'ai enlevé le banjo... J'orientais déjà la musique vers quelque chose de différent.

C'était l'objectif que tu t'étais fixé, on sent ce disque beaucoup plus abouti que le premier.
Oui, il est plus personnel au niveau su style, même s'il est moins autobiographique au niveau des textes.

Ça reste malgré tout très mélancolique. Tu parles beaucoup d'amour déçu.
L'amour déçu, oui... Mais il est surtout question d'ailleurs, de mouvements, de changements, de déplacements, de déménagements. Le départ, l'exil sont les mots les plus utilisés. Et forcément, quand tu t'éloignes, tu quittes des gens. C'est pour ça qu'il y a forcément des ruptures avec l'amour qui s'éloigne, et l'amour qui blesse.

C'est donc ta définition de l'amour carabine ?
Oui, c'est l'amour douloureux, qui blesse. C'est aussi l'idée d'associer deux mots antinomiques pour créer un troisième terme qui, dans l'imaginaire, fait penser à l'urbanité, la modernité et la sensibilité.

Tu n'as pas eu envie d'aller aussi sur des textes plus sociétaux, voire politiques...
Honnêtement, pour s'aventurer là-dedans, il faut vraiment être très costaud. Il y en a pas mal qui s'y engouffrent et ça devient totalement démago et ridicule. Pour le coup, il y a peu de Léo Ferré ou de Jean Ferrat qui peuvent vraiment supporter des textes politiques et engagés.

Sans être forcément engagés, tu aurais pu évoquer d'autres thèmes générationnels que l'amour, sur ce que tu vis...
Des chansons comme "La vie normale" rentrent dans ce cadre ou encore "Désert". Cet album est vraiment ancré en 2010, c'est un disque d'aujourd'hui, urbain, dans son temps.

Sur "Paris" et "Chercher la vitesse", l'écrivain Philippe Besson écrit les paroles avec toi. Pourquoi avoir limité votre collaboration à deux titres ?
On ne s'est pas dit qu'on allait en faire dix ou vingt. Ça s'est vraiment fait vers la fin, il y avait déjà pas mal de chansons prêtes donc c'était compliqué. Si on décide de faire un album ensemble, c'est un vrai projet qui doit se décider en amont. Là, ce n'était pas le cas. C'était une aide, un regard extérieur supplémentaire sur l'album et les chansons. Mais, à l'avenir, pourquoi ne pas décider de faire tout un album ensemble.

Philippe Besson fait une incursion dans le monde de la musique. Est-ce envisageable que Patxi aille se frotter au milieu de l'écriture ?
J'ai toujours écrit et j'écris toujours. Je fais des textes plus longs mais je ne me vois pas encore publier... C'est plus facile d'écrire des chansons que d'écrire des romans. Et donc, pour un romancier, c'est plus facile d'écrire des chansons que pour un chanteur d'écrire des romans !



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On évoque beaucoup la crise du disque. Concrètement, est-ce qu'on t'a demandé de faire des efforts pour réaliser ce disque en employant moins de musiciens ou en limitant les jours d'enregistrement ?
Oui, c'est clair que les budgets sont plus serrés mais, en même temps, on peut aussi penser que les budgets étaient peut-être parfois trop importants par le passé. Là, on va vraiment à l'essentiel et on revient à des choses plus saines. On essaie d'optimiser la musique. Du coup, le fait de travailler dans un temps plus court, dans une sorte d'urgence, permet peut-être de sortir d'un confort qu'on avait et d'écrire des choses plus fortes.

Tu ne t'es donc jamais senti freiné dans ta créativité ?
Non, non. On a ce qu'il faut pour faire ce qu'il faut, je ne suis pas du tout à plaindre. Le label prête vraiment attention à ce que l'album soit comme on le souhaite et, quand il a fallu refaire des choses, on a pu recommencer. C'est la musique qui compte. La force des labels indépendants est de mettre l'humain et la musique au centre de l'entreprise.



Quand tu regardes ce qui fonctionne en ce moment, ce sont des artistes comme Lady Gaga avec d'énormes shows et des produits très marquetés. Tu te dis quoi quand tu vois ça ?
Je suis allé voir Lady Gaga à Bercy. Je ne connaissais pas, à part deux-trois tubes, et j'ai trouvé ça plutôt fort. Ce que j'ai préféré, c'est évidemment quand elle se met seule au piano et qu'elle chante. Après, c'est très grandiloquent mais c'est bien, ça plaît.

Justement, ça ne te désole pas que ce soit ce qui plait ?
Non, parce que je remarque que, depuis quelques années, ce qui plait, ce sont les auteurs-compositeurs. Lady Gaga écrit ses chansons, c'est aussi ça qui plait. Les interprètes purs ont beaucoup moins leur place ces dernières années, donc je trouve que c'est plutôt sain.

Avec la sortie du disque, est-ce que tu te dis que tu aimerais toi aussi décrocher un gros tube ?
Évidemment. On ne fait pas des chansons pour rester dans sa chambre et jouer devant vingt personnes. On fait aussi ça pour que ça fonctionne et que pour les gens nous écoutent. Ce disque est plus ouvert que le premier, il est plus lumineux, plus musical, plus travaillé... Il y a beaucoup d'atmosphères, plein de lectures différentes. Certaines chansons sont très limpides et très directes.

Quel est selon toi le titre le plus tubesque de l'album ?
Je ne sais pas... Il y a "A l'évidence", "Paris"... "Non, non, non", c'est compliqué parce qu'il y a déjà une chanson qui a ce titre et qu'on entend beaucoup (le single de Camélia-Jordana, NDLR). Je ne sais pas trop en fait. Ça dépend des jours, des humeurs, des gens... C'est tellement insaisissable cette magie de la rencontre avec les gens.



Tu ressens une pression pour que le disque fonctionne, notamment pour pouvoir en faire un autre ensuite ?
Non, logiquement, le troisième est déjà prévu. C'est plus pour en faire un quatrième, un cinquième, un vingtième (rires) ! Il faudrait quand même, qu'à un moment donné, ça réagisse davantage, mais j'ai le temps. Dans les années 1970, il y a beaucoup d'artistes qui fonctionnaient à partir du troisième ou quatrième album. C'est quand même un délire de se dire qu'au bout de deux albums, on te dise que ça ne marche pas assez vite.

Mais on sait que ça marche comme ça aujourd'hui..
Ça peut changer. Les choses sont plus simples. Comme on le disait, il y a moins d'argent etc. Du coup, on revient plus sur la musique et je pense qu'on laissera davantage la chance aux artistes de s'installer et construire leur univers.

Le premier album avait finalement bien marché ?
Oui, le premier avait reçu une bonne critique. C'était un album surprenant à l'époque, il était très acoustique et folk. Ça a permis de rendre le projet crédible et celui-ci est plus audacieux et va plus loin.

On ne parle pas de ventes...
Non, on ne parle pas de ventes (rires). On en parlera plus tard, on fera les comptes à la fin, en 2050 (rires).

On peut néanmoins faire les comptes du premier !
Écoute, apparemment ça va puisqu'on en a fait un deuxième (rires).

L'Eurovision avait lieu samedi. Si France Télévisions venait te voir pour te proposer de représenter la France, tu accepterais ?
Non, non. Quand j'étais petit, je regardais ça avec ma soeur. Mes parents n'en pouvaient plus, ça dure deux jours ! Ce n'est pas un truc que j'aime vraiment. Les chansons ne sont pas très intéressantes, c'est un peu caricatural, c'est très désuet.



On t'a connu via la Star Academy mais on a le sentiment, qu'aujourd'hui, tu es parvenu à te débarrasser de cette étiquette ?
Le premier album a servi à ça. Quand tu demandais s'il a marché, oui, parce qu'il a permis d'enlever l'étiquette et de faire un deuxième album très différent avec des gens avec lesquels je n'aurais sans doute pas pu travailler il y a cinq ans.

Dans la promo, on te parle encore beaucoup de l'émission ?
Non, très peu. La Star Ac' est évoquée en deux minutes, vers la fin des interviews. Ça fait quand même sept ans donc je suis passé à autre chose.

Mais est-ce que ça ne te gêne pas de te dire que, tout au long de ta carrière, quand on cherchera des infos sur toi, on tombera sur des vidéos de la Star Ac4 où tu seras, par exemple, en train de te brosser les dents dans un château.
Ca, il n'y en a pas trop ! Quand tu tapes mon nom sur YouTube, tu retrouves des duos avec Dutronc, Voulzy, Raphaël... Mais il n'y a pas de trucs de brossage de dents et de tout ce qui faisait l'aspect télé-réalité.

Ouf !
Non, pas ouf parce que je l'ai fait, donc je l'assume. Ecoute, il faut avoir du recul sur soi et un peu de troisième degré pour en rigoler. Quand tu regardes des photos de toi d'il y a dix ans, tu te dis "Oh mon dieu".

Mais elles ne sont pas sur le Net !
Tu vas voir, on va les trouver et les mettre (rires)

Depuis la fin de la Star Ac', on note qu'il n'y plus vraiment d'émissions de variétés à la télé. Où vas-tu aller faire la promotion de cet album ?
On a enregistré Chabada, sur France 3.

C'est désuet, non ?
Oui, c'est assez désuet mais c'est un endroit où tu peux jouer tes chansons en live et rendre hommage à d'autres artistes. Il y a plusieurs générations qui se rencontrent, c'est intéressant. Effectivement, ce n'est pas l'émission la plus rock'n'roll du PAF mais elle a le mérite de faire venir des artistes pour jouer en live, c'est plutôt bien. On a aussi fait CD'Aujourd'hui, un reportage dans le JT de Claire Chazal, Plus vite que la musique, les télés locales... Il y a pas mal de choses mais plus d'émissions où tu viens chanter.

Il y a Taratata.
Oui ! Je lance un appel à Nagui (rires).

Le côté un peu branché de cette émission fait-il qu'il est plus difficile d'y passer ?
Non, j'ai vu des artistes qui n'étaient pas ultra-branchés. Je pense qu'il y a de la place pour pas mal de monde dans cette émission. Évidemment, c'est la meilleure et tout le monde rêve de la faire.

Pour terminer, que doit-on te souhaiter pour ce disque. Un disque d'or ou plutôt une Victoire de la musique ?
Les deux !

Non, tu dois choisir.
Alors, je préfèrerais avoir un disque d'or parce que ça veut dire que les gens ont aimé. La profession vote pour les Victoires donc je préfère que le public aime plutôt que la profession.

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