La "polémique Netflix" n'en finit pas de rebondir. Après avoir durablement perturbé le dernier festival de Cannes, la voici qui trouve un écho en... Corée du Sud. Pour rappel, "Okja", réalisé par le sud-coréen Bong Joon-Ho fait partie des deux films distribués par Netflix qui avaient été sélectionnés lors du dernier festival de Cannes. Contraint par la chronologie des médias, fondement de l'exception culturelle à la française, Netflix avait refusé de distribuer ses deux films en salles dans l'Hexagone, ce qui n'avait pas manqué de susciter un tollé sur la croisette.
Si Netflix n'y voit qu'une pure polémique franco-française orchestrée par les exploitants de salle hexagonaux, ces derniers viennent d'être rejoints dans leur croisade par un soutien de poids, à savoir leurs homologues sud-coréens. Comme le relèvent nos confrères de LCI.fr, les trois principaux exploitants de salles du pays du matin calme viennent de suspendre sine die la sortie de "Okja", initialement prévue le 29 juin prochain, au lendemain de sa mise en ligne sur la plateforme de SVoD.
Si la très française chronologie des médias ne prévaut pas en Corée du Sud, la pratique veut qu'un délai de trois semaines soit instauré entre la sortie d'un film en salles et sa mise en ligne. C'est précisément la simultanéité du lancement du long métrage sur les deux supports qui pose problème aux distributeurs sud-coréens. Ceux-ci estiment en effet que le dispositif dit du day and date propre à Netflix menace leur écosystème.
Lors de la présentation d'"Okja" à Cannes, Bong Joon-Ho avait expliqué que les majors hollywoodiennes avaient refusé de financer son film, au budget estimé à quelque 50 millions de dollars. "Ceux à qui j'ai présenté le scénario n'en ont pas voulu, Netflix l'a accepté et m'a offert un soutien total. Ils ne m'ont pas mis la pression. C'était une expérience merveilleuse" avait expliqué le réalisateur. Bong Joon-Ho avait néanmoins assuré qu'il "préfère la salle de cinéma à tout autre mode de diffusion".