Condamnée pour une campagne publicitaire jugées sexiste, la SMEREP n'entend pas en rester là. En septembre, la mutuelle étudiante parisienne dévoilait six nouveaux spots de pub au ton résolument décalé et jeune. Sa campagne mettait en scène plusieurs caricatures de l'étudiant(e) d'aujourd'hui comme "La blonde", "Le flemmard", "La vénère" ou encore "Le tombeur". Ces spots ont été jugés "sexistes" par l'association féministe, Les Chiennes de garde, et le ministère des droits des femmes de Najat Vallaud-Belkacem. L'association et le ministère ont ainsi porté plainte auprès du Jury de Déontologie Publicitaire (JDP), l'organisme chargé de statuer sur les plaintes du public à l'encontre des publicités. Le 18 septembre, le JDP leur a donné raison, demandant à l'autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) de veiller au retrait de la campagne SMEREP.
Cette décision est depuis vivement remise en cause par la mutuelle parisienne. Pour la dénoncer, la SMEREP a ainsi lancé sur son site internet une campagne contre la "censure publicitaire" et a diffusé sur sa chaîne YouTube plusieurs centaines de témoignages de soutien à ses spots condamnés. Loin d'en rester là, elle a annoncé vendredi qu'elle allait poursuivre en justice l'ARPP, comme le rapporte Le Monde. La mutuelle étudiante a notamment fait valoir dans sa plainte que la décision de l'ARPP ne peut s'imposer à elle car cet organisme est, comme son nom l'indique, une association et non une juridiction. La SMEREP a aussi dénoncé son impossibilité de faire appel des décisions des régulateurs français de la publicité.
En portant plainte contre l'ARPP, la mutuelle étudiante remet en fait plus globalement en question le système de régulation de la publicité en France. Dans l'Hexagone, le marché publicitaire s'autorégule. Ce sont ainsi ses acteurs (annonceurs, agences de communication, supports de diffusion), et non l'Etat ou une autorité publique, qui veillent au respect des règles encadrant la publicité.
Un cadre qui séduit pour la souplesse qu'il procure mais que de nombreux acteurs du secteur voudraient aussi voir réformé. A l'image de Vincent Leclabart, président de l'Association des agences conseils en communication (AACC). Dans une tribune publiée jeudi dans Stratégies, ce dernier, bien qu'attaché au principe d'autorégulation, a ainsi exhorté le JDP à se doter d'une véritable procédure d'appel comme n'importe quelle juridiction. Il a aussi prôné une refonte de la composition du JDP pour plus d'indépendance au "politique", au "politiquement correct" et aux "groupes de pression".