En matière de manifestations, on connaissait les chiffres des organisateurs et ceux de la police. Il faudra désormais aussi compter avec ceux des médias. Bruno Denaes, le médiateur des antennes de Radio France, a annoncé vendredi que "désormais, les rédactions de Radio France vont pouvoir transmettre aux auditeurs des chiffres fiables, sans influence syndicale, politique ou gouvernementale". Pour comptabiliser les futures manifestations, une quinzaine de médias, dont les stations du service public, feront désormais appel aux services d'une petite société française spécialisée, Occurrence. Une initiative lancée par le directeur de la rédaction de France Inter, Jean-Marc Four.
"Depuis quelques temps, les organisateurs de manifestations syndicales ou politiques ont pris la fâcheuse habitude de gonfler démesurément le nombre de participants", déplore le médiateur de Radio France. Le système de comptage adopté par ces médias est simple : deux capteurs électroniques sont installés en hauteur au-dessus du défilé pour former une ligne virtuelle qui traverse trottoirs et chaussée. Chaque manifestant est donc automatiquement comptabilisé. Pour vérifier la fiabilité du dispositif, de nombreux tests ont été effectués. Le dernier en date a concerné le défilé du 16 novembre contre les réformes Macron, qui aurait rassemblé 8.000 manifestants selon la police, 40.000 selon la CGT. Et 8.250 seront le comptage de la société Occurence, un chiffre proche de celui communiqué par la police.
D'ultimes tests vont avoir lieu, avant une application du dispositif dans quelques semaines. "Il faut être sûr de notre affaire", explique Erik Kervellec, directeur de la rédaction de franceinfo:. Il faut dire que, selon le médiateur de Radio France, les auditeurs étaient nombreux à se plaindre de l'écart systématique entre les chiffres revendiqués par les syndicats et ceux annoncés par la police. "De tels écarts devraient imposer une vérification de la part des journalistes. On est dans la manipulation et la fausse information", s'est ainsi plaint un auditeur auprès du médiateur. Ce dernier a lui-même qualifié ces différences de chiffres de "ridicules" et rappelé l'exemple du rassemblement de François Fillon au Trocadéro en début d'année. "Le candidat LR annonçait 200.000 participants ; pourtant, l'endroit ne peut accueillir que... 40.000 personnes", écrit Bruno Denaes. "Notre rôle est en effet de pouvoir donner des informations exactes et vérifiées", conclut-il.