"Quand vient l'mardi, la grande Zoa met ses bijoux, ses chinchillas. Et puis à minuit, la grande Zoa, autour du cou s'met un boa". La chanteuse populaire à la gouaille chaude Régine est décédée ce dimanche 1er mai à l'âge de 92 ans, a annoncé à l'AFP sa famille. "Régine nous a quittés paisiblement ce 1er mai à 11h" en région parisienne, a précisé Daphné Rotcajg, la petite-fille de la propriétaire de clubs privés.
Surnommée la "reine de la nuit", cette figure des soirées parisiennes à la crinière rousse et à la répartie aiguisée a ouvert sa première discothèque, Chez Régine, en 1956 dans le quartier latin à Paris. Elle en dirigera près d'une vingtaine à travers le monde. Suivra l'ouverture à Montparnasse du "New Jimmy's", la boîte où l'on danse des twists endiablés. "Le temps passé à dormir est du temps perdu", assurait cette infatigable fêtarde.
Fille de parents juifs dont la première partie de vie est marquée par les drames de la Seconde guerre mondiale, Régine, née Régina Zylberberg, s'est rendue célèbre pour ses titres "Les p'tits papiers", écrit en 1965 par Serge Gainsbourg qu'elle a rencontré des années plus tôt au club du "Whisky à gogo", "Patchouli Chinchilla", "Azzurro" et évidemment "La grande Zoa", l'histoire d'un antiquaire le jour et travesti la nuit. Après être passée par l'Olympia, elle a chanté au Carnegie Hall de New York en 1969, devenant - avec notamment Edith Piaf - une des rares françaises à avoir conquis l'Amérique.
Entourée de stars, "elle a fréquenté Maria Callas, Maurice Chevalier, Charles Aznavour, rigolé avec Françoise Sagan, copiné avec Gainsbourg, chanté du Barbara, joué les boute-en-train avant de monter elle-même sur les planches avec ses plumes, sa bonne humeur et une énergie peu commune", écrit ce dimanche "Le point". Le cinéma lui a aussi ouvert grands les bras : elle a figuré au générique d'une dizaine de films, comme "Jeu de massacres" d'Alain Jessua, "Robert et Robert" de Claude Lelouch, "Mazel Tov" de Claude Berri, "Le Train" de Pierre Granier-Deferre et "Les Ripoux" de Claude Zidi.
A la télévision, TF1 lui a confiée sa propre émission dans les années 1990. En deuxième partie de soirée, elle a présenté en juin 1995 l'émission "95C et alors...". "La chanteuse et noctambule Régine se met au service des désirs entretenus par les hommes de se déguiser en femmes. A ce qu'on a compris, il s'agit, en fait, du deuxième volet d'une série destinée à rendre hommage à l'anatomie féminine", écrivait "Libération" en 1996 pour présenter le programme.
Toujours sur TF1, elle a participé en 2005 à Visan, dans le Vaucluse, à la deuxième saison de "La ferme célébrités", le programme présenté par Christophe Dechavanne et Patrice Carmouze remporté cette année-là par le chanteur Jordy. "J'étais partie pour 15 jours dans ce truc-là... J'y suis restée 8 semaines ! J'ai perdu 10 kilos, je me suis donnée un mal de chien... Mais ça a été un enfer ! C'était dégueulasse !", confiait-elle, en 2018, sur le plateau de "Quotidien" sur TMC.
Depuis l'annonce de sa disparition, les hommages pleuvent sur les réseaux sociaux. Le journaliste et présentateur de TF1 et de LCI, Christophe Beaugrand, se souvient dans un tweet de "cette folie, cette autodérision et cet art de la fête". "Quelle chance j'ai eue de rire avec elle lors de nos interviews", a ajouté l'animateur du "Grand bêtisier". "La grande Zoa a rejoint l'azzurro... Que de fêtes, de rire et de disques ensemble", a écrit, de son coté, Pascal Nègre, ancien président-directeur général d'Universal Music France de 1998 à 2016.