La progression de BFMTV.com est fulgurante. Selon l'ACPM, le portail d'actualité de la chaîne d'information, qui regroupe aussi les marques de BFM Business, BFM Régions, RMC et RMC Sport, a comptabilisé en février 176 millions de visites. Une croissance de 29% sur un an dont se félicite Julien Mielcarek*, le directeur des rédactions digitales de BFMTV et RMC. Grâce à cette poussée, la plateforme (site et application) est la plus consultée parmi les marques d'informations généralistes, devant "Le Figaro" et "Le Monde". Une première.
Derrière ce succès, la rencontre entre deux facteurs. Une actualité forte et des investissements humains et financiers. "C'est évidemment une grande satisfaction pour nous qui nous sommes beaucoup développés sur le digital ces dernières années. Nous avons beaucoup investi l'année dernière en créant une trentaine de postes rien que sur le numérique", détaille Julien Mielcarek auprès de puremedias.com. Au total, 150 personnes travaillent spécifiquement pour les contenus digitaux, "mais dans les faits, il y en a beaucoup plus, car les journalistes qui travaillent pour les chaînes et radios produisent pour le digital - et inversement".
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"Oui, l'Affaire Pierre Palmade nous a portés, mais elle n'explique pas à elle seule pas notre place de n°1"
Comme toutes les marques d'information, BFM est soumise à l'actualité. En février, elle a été des plus riches. "Il y a eu beaucoup d'actualités ce mois-ci, le sport évidemment, avec tout ce qui s'est passé à la FFF. Il y a eu les retraites, les articles sur les journées de mobilisation, nos articles sur les conditions de circulation etc., ont particulièrement intéressé les internautes", explique le directeur des antennes digitales. Au total, chaque mois, ce sont 8000 articles - hors vidéos - qui voient le jour sur la plateforme.
Quid de l'Affaire Pierre Palmade ? De nombreux observateurs n'ont pas manqué de commenter la couverture du sujet par BFM TV, à la télévision ou sur le net. Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, l'a lui-même critiqué... sur leur plateau. Si Julien Mielcarek reconnaît l'engouement et l'audience générée, il estime que "seule, l'affaire n'explique pas (leur) place de n°1". "Ce qui est sûr, c'est que ce dossier a particulièrement intéressé les téléspectateurs comme les internautes. Mais on voit que les autres thématiques ont aussi particulièrement bien marchées". Les deux articles qui ont le plus fait d'audience sont justement sur l'humoriste, et sur le séisme qui a touché la Turquie et la Syrie.
Sur cette même affaire, il écarte aussi les accusations d'en avoir trop fait, ou d'avoir trop cherché la petite bête avec des sujets décalés. "Forcément, le projecteur mis sur le traitement de l'affaire est différent des autres. Mais, en vérité, expliquer comment se passe la détention d'une personne hospitalisée, cela dépasse Pierre Palmade et c'est intéressant (...) La vie quotidienne de Pierre Palmade à l'hôpital ne nous intéresse pas et nous n'avons pas forcément d'informations là-dessus".
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Le journaliste dresse un parallèle avec d'autres faits-divers, comme le corps retrouvé aux Buttes-Chaumont : "Ce qui m'importe et qui nous importe, c'est que nos rebonds permettent d'apprendre des choses qui dépassent le cadre des affaires et apprennent des choses sur le système judiciaire, le travail des enquêteurs, etc".
"On ne fabrique pas le sommaire du site en fonction des audiences."
Les internautes s'étant rendu sur BFMTV.com avaient par ailleurs d'autres choix que les faits-divers. "Le sport a bien marché, BFM Business a bien marché, Tech&Co a bien marché. Si on regarde l'ensemble de la production des supports digitaux de BFM, on voit qu'elle est extrêmement large et variée. Elle a été très complète sur la réforme des retraites, nous avons continué de couvrir le conflit en Ukraine et ce qu'il se passe en Géorgie. Des sujets importants pour nous, et qui, par ailleurs, intéressent aussi énormément les lecteurs. Parfois, on a un peu une vision déformée de ce qui peut intéresser les internautes au sens large", souligne le spécialiste du numérique. Il se garde cependant de "fabriquer le sommaire du site en fonction des audiences". "Ce n'est pas notre mission. Nous avons pour but d'être référents sur l'info".
Et la suite ? Difficile de dire si tôt qui se hissera à la tête du classement ACPM du mois de mars. Mais sur les premiers jours du mois, "la tendance est bonne".
*Julien Mielcarek, est le cofondateur de puremedias.com.