Mortaza Behboudi peut pousser un ouf de soulagement. L'organisation non-gouvernementale (ONG) Reporters sans frontières (RSF) a annoncé, ce mercredi 18 octobre 2023, la libération du journaliste franco-afghan après 284 jours d'emprisonnement. Le reporter avait été arrêté puis emprisonné le 7 janvier 2023 dans la prison de Pul-e-Charkhi à Kaboul, alors qu'il s'apprêtait à récupérer son accréditation presse pour les besoins d'un reportage.
RSF précise, dans un communiqué transmis à l'AFP, que Mortaza Behdoudi a recouvré la liberté après avoir été lavé de tous soupçons. "Lors d'une audience de la cour criminelle de Kaboul, ce jour, les juges ont prononcé son acquittement de toutes infractions, incluant l'espionnage, le 'soutien illégal à des étrangers' et l'aide au franchissement de frontières vers l'étranger", a ajouté l'ONG de défense de la presse, qui s'était mobilisée pour cette libération. Le journaliste est attendu en France d'ici la fin de semaine, selon le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire.
Arrêté le 7 janvier – le grand public n'a eu connaissance de cette information que le 6 février – le journaliste, qui a collaboré par le passé avec France Télévisions, TV5 Monde, Arte, Radio France, "Mediapart", "Libération" ou "La Croix", était notamment accusé d'espionnage.
"Il a (...) été arrêté, pas en tant que journaliste (...), mais parce qu'il a des relations directes avec des opposants à notre régime", avait déclaré Zabihullah Mujahid, le porte-parole des talibans au pouvoir en Afghanistan, dans un reportage de France Télévisions début juillet.
Né en Afghanistan, Mortaza Behboudi a vécu en Iran, où ses parents étaient réfugiés, avant de repartir dans son pays natal et d'y commencer sa carrière comme photoreporter. Réfugié en France à partir de 2015, il a créé le site d'information Guiti News avec des confrères exilés.
Ces derniers mois, le travail de Mortaza Behboudi a été plébiscité par ses pairs. Il est le coauteur de la série de reportages "À travers l'Afghanistan, sous les talibans", publiée sur "Mediapart" et primée en 2022 par le prix Bayeux des correspondants de guerre et le prix Varenne de la presse quotidienne nationale. Il a contribué au reportage "Des petites filles afghanes vendues pour survivre", diffusé sur France 2 et également récompensé en 2022 au prix Bayeux.