Europe 1 n'a pas fini de solder les comptes de son tumultueux passé. Déjà attaquée par Natacha Polony, Nathalie André ou encore Thomas Joubert, la station au logo bleu a l'habitude d'être poursuivie aux prud'hommes. Dans un compte-rendu détaillé, "L'Express" publie ce jour le récit complet de l'audience qui s'est déroulée ce jeudi au conseil des prud'hommes de Paris. Elle a opposé Fabien Namias, actuel directeur général de LCI et ancien directeur de l'information d'Europe 1, à la station généraliste du groupe Lagardère. Fabien Namias réclame la somme de 413.000 euros à la station, dont 310.000 euros d'indemnités pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, 50.000 euros pour exécution déloyale du contrat de travail, 50.000 euros pour préjudice moral et 3.000 euros au titre des frais de justice.
Concernant le licenciement jugé sans cause réelle et sérieuse, l'avocat de Fabien Namias a expliqué que ce dernier a été remplacé par Donat Vidal Revel au poste de directeur de l'information avant même la rupture du contrat de travail. L'avocat raconte notamment que, le 7 juin, sans avoir de nouvelles d'Arnaud Lagardère, son client a "vu arriver Donat Vidal Revel qui (a) fait le tour des bureaux sans dire exactement pourquoi il (était) là". L'avocat s'appuie également sur des déclarations de Patrick Cohen qui a expliqué avoir "été approché dès janvier 2017 par Lagardère" et avoir signé son contrat "en mai 2017". Un recrutement dont Fabien Namias n'a pas été informé, pas plus que de ceux de Frédéric Schlesinger, nommé vice-président d'Europe 1, et Donat Vidal Revel.
"C'est cela l'exécution déloyale du contrat de travail. Des informations capitales qui ne sont données ni aux salariés, ni aux personnes directement concernées", a plaidé l'avocat. "Donat Vidal Revel intègre les effectifs en juin 2017 comme adjoint de Schlesinger. Après le départ de Fabien Namias, il devient directeur adjoint de la rédaction, mais ce n'est pas un remplacement préventif", a rétorqué l'avocat d'Europe 1. "C'est une drôle de pirouette. Donat Vidal Revel n'est pas embauché pour remplacer Fabien Namias, alors qui a remplacé Fabien Namias ? On ne l'embauche pas pour le remplacer, mais il le remplace quand même en juillet ! J'ajoute pour souligner le préjudice, qu'il y a un mercato. Lorsque vous êtes licencié en juillet, vous devez attendre plus d'un an pour la rentrée suivante. Le licenciement s'est fait dans des conditions particulièrement humiliantes" a répondu l'avocat de Fabien Namias.
Pour justifier son limogeage, l'avocat d'Europe 1 explique qu'une "insuffisance professionnelle" a été constatée du fait d'"audiences en baisse qui se répercutent sur le chiffre d'affaires et les résultats". L'avocat de Fabien Namias a objecté que les audiences en baisse étaient de la responsabilité de Denis Olivennes, alors directeur général de la station. "Le directeur de l'information est responsable de ce qui se passe pour l'information pour les plus de 13 ans sur la tranche 5h-minuit. Ça s'effondre peut-être parce que vous avez établi une grille de programmes qui est nulle et que Ruquier est parti !" a raillé l'avocat de Fabien Namias. "Les chiffres ont chuté entre 2016 et 2017 et ils sont de la responsabilité de Fabien Namias. Remonter l'audience, cela fait partie des objectifs qui lui sont fixés, il ne les atteint pas, l'insuffisance de résultats est caractérisée. Et c'est une insuffisance professionnelle. Quand on est cadre dirigeant à 25.861 euros par mois, on a une obligation de résultat", a assené l'avocat d'Europe 1.
Ce dernier a aussi listé des griefs à l'encontre de Fabien Namias dont "21 changements de grille" qui lui sont directement imputés, une réorganisation de la rédaction "qui n'a pas marché", la rémunération de Thomas Sotto "avec des objectifs incohérents" et un "management trop directif" sur la base de déclarations de salariés. L'avocat d'Europe 1 a aussi argué que Fabien Namias avait retrouvé un emploi sur LCI dès le 23 août 2017. L'avocat de Fabien Namias a répondu que, "pour ne pas quitter ce métier", son client a accepté un CDD à LCI, rémunéré à hauteur de 8.500 euros par mois soit "une perte de 18.000 euros par mois alors qu'il a été licencié sans cause réelle et sérieuse".
Affirmant n'avoir jamais eu de proposition pour une rupture conventionnelle, Fabien Namias a déclaré avoir travaillé cinq ans pour une maison "qu'(il) continue à aimer". "J'ai été d'une grande loyauté. Je comprends qu'on puisse décider que les chemins doivent se séparer, je ne le contesterai jamais" a affirmé Fabien Namias, précisant que "personne ne s'est adressé à (lui)" malgré les rumeurs, et expliquant n'avoir "toujours pas compris" pourquoi il avait été convoqué "de manière humiliante" le 7 juillet 2017 à 8h30, à la sortie du studio de la matinale d'Europe 1.