BFMTV sanctionnée et BFMTV agacée. Dans un communiqué, la chaîne annonce avoir "pris acte" des mises en demeure adressées par le CSA à propos de l'interview de Roland Dumas par Jean-Jacques Bourdin le 16 février dernier, sur RMC et BFMTV. Mais les deux médias "regrettent" cette décision, estimant qu'ils "veillent au quotidien à ne pas encourager les comportements discriminatoires et à promouvoir les valeurs de la République".
Après un échange entre les deux hommes sur les prises de position de Manuel Valls concernant Israël puis sur l'entourage familial de ce dernier, Jean-Jacques Bourdin avait fini par lancer à Roland Dumas à propos du Premier ministre : "Il est sous influence juive ?". "Ah ça, probablement. Je peux le penser", avait répondu Roland Dumas. "Sous l'influence de sa femme ?", avait de nouveau interrogé Jean-Jacques Bourdin. "Pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi ne pas le dire ? Puisque c'est une réalité", avait alors ajouté l'ancien président du Conseil constitutionnel.
Cette séquence avait rapidement créé une vive polémique, certains accusant Roland Dumas d'antisémitisme, d'autres pointant du doigt la question de Jean-Jacques Bourdin. "Mon rôle c'est de le dévoiler, de le révéler. C'est la recherche de la vérité contre toutes les langues de bois, contre toutes les compromissions", avait assumé, interrogé par puremedias.com, le journaliste de BFMTV. Mais le CSA estime "que la réponse qu'une telle question tendait à provoquer, dans le contexte de cet échange, et la formulation-même de cette question, relative au Premier ministre, étaient de nature à banaliser et à propager des comportements discriminatoires".
Le CSA, de plus en plus sévère et réactif, agace les chaînes qu'il vise. Dans son communiqué, BFMTV et RMC estiment que ces sanctions "font peser des risques sur la liberté d'informer en France". "En effet, elles pourraient conduire, demain, les seuls médias régulés par le CSA, et leurs journalistes, à systématiquement s'autocensurer dans leur mission d'information, notamment lorsqu'ils exercent leur 'droit de suite' pour obtenir d'un invité une clarification de ses propos", estiment les deux médias. Ce n'est pas la première fois que des télés et radios épinglées par le Conseil défendent leur "mission d'information". Il y a peu, après les nombreuses sanctions pronocées par le gendarme du PAF suite à la couverture des attentats de début janvier, la plupart des médias avaient contesté publiquement ces décisions.