La chasse au second degré est ouverte. Dans une interview accordée ce week-end au "Parisien", Sébastien Thoen revient pour la première fois sur son éviction du groupe Canal+. Le déclencheur avait été la publication en novembre dernier sur les réseaux sociaux par Winamax d'un sketch le mettant en scène aux côtés de Julien Cazarre et Thomas Séraphine dans une parodie de l'émission de CNews "L'heure des pros", rebaptisée pour l'occasion "L'heure des pronos".
Quelques jours plus tard, sur Europe 1, Gérald Brice-Viret, le directeur des antennes du groupe Canal+, avait assuré que le problème n'était pas le sketch mais la présence de "personnes qui dénoncent et dénigrent constamment, sur des antennes concurrentes, la direction et le service des sports de Canal+". Il avait ainsi désigné sans le nommer Julien Cazarre, qui officie sur RMC. L'éviction de Sébastien Thoen avait entraîné au mois de décembre celle du commentateur sportif Stéphane Guy, qui lui avait publiquement témoigné son soutien. Plus récemment, trois journalistes pigistes du service des sports du groupe crypté ont appris la fin de leur collaboration après avoir apposé leur signature sur un communiqué en faveur de la liberté d'expression.
Dans "Le Parisien", Sébastien Thoen estime que le sketch pour Winamax était "plus un hommage qu'une parodie. Puisqu'on y parle de tout et qu'on peut tout y dire, les auteurs ont imaginé qu'on y parlait foot. Pour rire". L'humoriste affirme que Pascal Praud, objet de la parodie en sa qualité de chef d'orchestre de "L'heure des pros", l'a appelé peu après la mise en ligne de la vidéo pour lui dire qu'elle l'avait amusé. "Il a ajouté : 'Au pire t'auras une mise à pied. Mais en même temps Seb, toi et tes potes, vous êtes incontrôlables, mais dans quel monde vous vivez, là ! On ne peut plus faire ça aujourd'hui'. Il m'a refait le sketch, mais en sérieux. Moi je rigolais".
Dans le reste de ce long entretien, le membre de la bande d'Action Discrète manie avec un certain art le second degré. Révélant être parvenu à un accord sur ses conditions de départ avec Canal+, il précise à propos de l'actionnaire principal du groupe : "Vincent Bolloré sait que j'ai toujours été corporate et il n'a pas oublié que j'avais dit que c'était un mec super dans le magazine gauchiste 'Les Inrocks'. Mais surtout, comme moi, il est très croyant et sait qu'il y a pire que le jugement des prud'hommes, il y a le jugement dernier".
L'ancien animateur du "Journal du hard" est tout aussi sarcastique à propos de l'absence de soutien de ses collègues humoristes. "En signe de protestation, le trio Eric et Ramzy et Jamel ont résilié leur abonnement à Gulli, Jonathan Cohen et Manu Payet ont fait la grève du selfie pendant 2 heures sur Instagram, et puis Nicolas Bedos s'est retiré de Twitter, ça m'a touché ! Mais il faut se détendre, mon histoire n'est pas si grave. Quand j'entends dans les restos clandestins que Marina Foïs a pensé à boycotter l'animation des César par solidarité, ça va trop loin !", s'amuse-t-il.
Et Sébastien Thoen de faire ce constat lourd de sens : "Avec mon départ, l'esprit Canal a pris un sérieux taquet. Heureusement, il y a encore Mouloud Achour et Pierre Ménès". Parmi ses principaux projets à venir : "De la scène ! Et continuer Winamax. Faire encore des sketchs avec des perruques à 44 ans, c'est admirable", souligne l'ancien chroniqueur, qui annonce aussi sa participation à la future émission de Thierry Ardisson sur France Télévisions. Vous avez dit second degré ?