"Ouvrez-la !" : le nouveau slogan de Sud Radio s'affiche sur toutes les affiches accompagnant l'installation de la station à Paris. Plus ou moins inspiré du format de RMC, le nouvel ADN de la station consiste, en partie, à donner la parole aux auditeurs. Le direct, les auditeurs, le plus souvent possible et sur tous les sujets.
Pourquoi pas. La recette a déjà prouvé son succès que ce soit sur RMC ou dans d'autres registres sur RTL (et l'inoxydable "Les auditeurs ont la parole") ou encore sur Inter (et le mythique "Le téléphone sonne"). Mais qu'on aime ou pas ces émissions, la libre-antenne est un genre difficile à maîtriser et il ne suffit pas d'ouvrir son antenne aux auditeurs pour faire de la radio.
Sud Radio ne semble pourtant pas s'être vraiment posé la question, preuve en est avec la polémique qui a éclaté ce week-end suite à une séquence diffusée à l'antenne. Un matin, Robert Ménard accueille un auditeur en direct pour évoquer l'affaire DSK. Ce dernier évoque l'existence d'un lobby juif qui apporterait un total soutien à l'ancien patron du FMI. Des "copains juifs" qui lui auraient permis d'être tiré d'affaire. Rien que ça. Souvent pointé du doigt pour ses prises de position radicale, Robert Ménard a cette fois fait preuve de professionnalisme, coupant son auditeur avant d'enchaîner sur une autre séquence.
Mais un de ses collègues de l'après-midi ne semblait pas faire preuve d'autant de prudence. En direct, Eric Mazet invite alors ses auditeurs à revenir sur la déclaration de l'auditeur du matin en demandant carrément aux auditeurs si "DSK est soutenu par les juifs ?". L'animateur explique alors ô combien il veut entendre "tous les avis" et qu'ils sont les bienvenus à l'antenne. Heureusement, Michel Cardoze, également présent à l'antenne, n'est pas de l'avis de son co-animateur et le fait savoir. Le dialogue est alors surréaliste entre Michel Cardoze qui tente de limiter tout dérapage et Eric Mazet qui insiste pour qu'il n'y ait pas de filtre dans son émission.
"Moi, j'ai envie d'entendre tous les avis quitte à avoir la nausée comme vous le disiez tout à l'heure. Je n'ai pas envie que les gens soient chez eux avec leurs idées enfouies quelque part" explique alors Eric Mazet. Et Michel Cardoze de répondre : "Sauf que nous, Eric et moi, nous sommes responsables de l'antenne et il ne faut pas mettre tout sur le même plan, attention ! Et responsables de l'esprit civique et des lois de la République".
Tomber dans la démagogie en ouvrant les vannes de la libre-antenne n'a pourtant rien de glorieux même si le but sans doute recherché était de faire du buzz. On a souvent reproché à RMC d'avoir adopté un format poujadiste en laissant beaucoup de temps aux auditeurs à l'antenne mais des journalistes comme Jean-Jacques Bourdin ont toujours su jouer un rôle d'avocat du diable pour contrebalancer des avis trop tranchés ou éviter les dérapages. Christophe Hondelatte ou encore Jérôme Godefroy ont eux aussi excellé dans l'exercice sur RTL. Un des exercices sans doute les plus difficiles à la radio, un exercice visiblement trop exigeant pour la nouvelle équipe de Sud Radio.