Dimanche soir, "Le Monde" a révélé le dossier SwissLeaks, un vaste système d'évasion fiscale organisé par la banque HSBC qui a permis à 100.000 particuliers, clients de la banque suisse, et 20.000 sociétés offshore de faire échapper près de 181 milliards d'euros aux législations fiscales de nombreux pays.
Le quotidien du soir a également publié les noms de plusieurs personnalités apparaissant sur les listings dont il a obtenu copie. "Du show-biz au milieu des affaires en passant par le monde de l'art et du sport", écrit le quotidien. Parmi elles, le footballeur Christophe Dugarry, la réalisatrice Lisa Azuelos ("LOL"), l'artiste Christian Boltanksi, le chanteur Philippe Lavil, le sénateur Aymeri de Montesquiou et le comédien Gad Elmaleh, qui a été moqué sur les réseaux sociaux. Plusieurs d'entre eux, dont l'humoriste, ont démenti l'information ou affirmé avoir régularisé leur situation depuis les faits qui datent de 2006 et 2007.
"Le Monde" devait-il publier la liste des exilés fiscaux ? Depuis dimanche, la question est posée par de nombreux commentateurs qui n'hésitent pas à critiquer la démarche du "Monde". Ce matin, sur France Inter, le banquier Matthieu Pigasse a également pris ses distances avec le journal dont il est l'un des trois actionnaires.
Après s'être dit "fier" du "travail d'investigation remarquable" des journalistes de sa rédaction, et avoir qualifié de "scandaleux" le système mis en place par HSBC ("une véritable machine à blanchir de l'argent"), Matthieu Pigasse s'est interrogé sur la pertinence de la publication des noms de personnalités. "Il est vrai qu'il y a un juste équilibre à trouver entre le fait de divulguer des informations d'intérêt public et le fait de ne pas tomber dans une forme de maccarthysme fiscal ou de délation (...) C'est une interrogation légitime", a déclaré le directeur général de la banque Lazard, qui a indiqué qu'il en parlerait avec la direction éditoriale de son journal.