Mieux vaut tard que jamais. Avec près d'un mois de retard par rapport à la date prévue par le précédent gouvernement, les décrets relatifs à la publicité et à la programmation du cinéma à la télévision ont enfin été publiés aujourd'hui au Journal officiel.
Très attendue par les groupes audiovisuels privés, la première disposition réglementaire autorise notamment la diffusion de spots faisant la promotion de films visibles dans les salles de cinéma. Pour rappel, le cinéma était jusque-là un secteur interdit aux chaînes de télévision, bien que les antennes d'Altice aient déjà sauté le pas depuis la semaine dernière, en prévision de la publication dudit décret.
Le gouvernement Castex précise que cette ouverture de la pub télé au cinéma est valable pour 18 mois, le temps que soit réalisée une étude devant mesurer son impact sur l'industrie cinématographique et sur les autres médias dont le cinéma était jusque-là la chasse gardée publicitaire, notamment la presse et la radio. Roselyne Bachelot, la nouvelle ministre de la Culture, veut également se donner le temps d'évaluer "la diversité des oeuvres cinématographiques ayant bénéficié de messages publicitaires" sur le petit écran. Autrement dit, éviter que seuls des blockbusters américains ne bénéficient de réclames à la télé.
Réformant celui du 27 mars 1992, ce nouveau décret sur la publicité formalise également l'autorisation de la publicité dite ciblée à la télévision. Réclamée à cor et à cri par TF1 et M6 pour faire face aux géants du numérique, celle-ci sera limitée à deux minutes par heure d'antenne en moyenne, et ne pourra excéder six minutes par tour de cadran. Le gouvernement se donne par ailleurs 24 mois pour étudier les conséquences d'une telle mesure sur les médias qui vivaient jusque-là de la publicité locale, PQR et radios locales notamment. Quant aux groupes audiovisuels, ils devront désormais trouver des accords avec les opérateurs télécom, détenteurs des données des téléspectateurs via leurs box, devenues au fil des années l'une des principales portes d'entrée vers le petit écran.
Outre ce décret sur la publicité, le gouvernement a également publié aujourd'hui un deuxième texte réglementaire réformant cette fois la programmation du cinéma à la télévision. Principale nouveauté : la fin des jours interdits de cinéma qu'étaient le mercredi et le vendredi soir, le samedi et le dimanche jusqu'à 20h30. Si M6 et TF1 avaient déjà sauté le pas ces dernières semaines avec l'accord du CSA, ils pourront désormais programmer des films ces jours-là en toute légalité. La seule contrainte concernera la programmation du samedi soir qui devra mettre à l'honneur des longs métrages financés par les chaînes ou des oeuvres d'art et d'essai.