Quel avenir pour la télévision numérique terrestre ? Combien de chaînes ? Quelles technologies ? En mai dernier, le gouvernement a demandé un rapport au président du CSA sur ces différentes questions. Aujourd'hui, la TNT propose 19 chaînes gratuites, 9 chaînes payantes et 4 déclinaisons HD. Toutes sont diffusées selon la norme DVB-T. En revanche, les normes de compression diffèrent : le MPEG-2 pour les gratuites et le MPEG-4 pour les payantes et les HD.
Dans son rapport, Michel Boyon suggère au gouvernement de basculer l'intégralité de la TNT au MPEG-4 en 2015. A cette date-là, 95% des foyers seront équipés, contre 60% aujourd'hui. Avantage de cette norme de compression : elle permet de diffuser 10 chaînes en basse définition là où le MPEG-2 permet de n'en diffuser que six.
Deuxième proposition : préparer le passage à une nouvelle norme de diffusion, le DVB-T2. "Son passage est inévitable mais le calendrier n'est pas le même", indique Michel Boyon. "Elle n'est pas transposable immédiatement en France. Les fabricants auront besoin de 12 à 18 mois pour commercialiser des équipements compatibles", précise-t-il. Effectivement, là où le passage au MPEG-4 sera indolore pour les Français, la conversion au DVB-T2 suggère de s'équiper d'un adaptateur ou d'une télévision compatibles... L'avantage de cette norme permettrait de libérer des fréquences pour "proposer davantage de chaînes en haute définition ou de lancer de nouveaux services", comprenez de nouvelles chaînes sur la TNT, qu'elles soient gratuites ou payantes.
La diffusion numérique hertzienne est permise grâce à six multiplex. Deux autres doivent être mis en service dans les prochains mois, R7 et R8. Ils correspondent aux fameuses trois "chaînes compensatoires" (dont le lancement prévu à la fin de l'année est plus que compromis aujourd'hui en raison de la grogne de Bruxelles qui les juge illégales) mais aussi à des futures nouvelles chaînes (notamment HD). Michel Boyon préconise de passer ces deux nouveaux multiplex au DVB-T2. Si le gouvernement faisait ce choix, deux normes de diffusion co-existeraient. Surtout, les foyers désireux de recevoir les nouveaux services diffusés depuis R7 et R8 devraient s'équiper d'un nouvel adaptateur disponible sur le marché qu'à l'horizon 2014... "Mais grâce aux réseaux alternatifs (ADSL, câble, satellite, etc.), 45% de la population pourrait recevoir tout de suite ces chaînes", précise Michel Boyon.
Concernant ces fameuses chaînes compensatoires, que le gouvernement a décidé d'allouer à TF1, M6 et Canal+ en 2007 en "réparation" du préjudice subi par le passage de la télévision analogique à la télévision numérique, Michel Boyon préconise d'abroger la législation relative à ces chaînes si Bruxelles venait à confirmer leur illégalité. Une hypothèse plus que probable. Un passage en force ferait peser sur l'Etat trop d'incertitudes juridiques qui pourraient bien se traduire, à la fin, par des dommages et intérêts très importants...
"Je suis conscient que toutes ces préconisations ne sont pas des propositions de consensus. Le gouvernement devra faire des choix politiques", a indiqué Michel Boyon. "Dès que le gouvernement prendra sa décision sur la norme de diffusion sur le R7, le CSA fera un appel à candidatures", a-t-il ajouté, sans préciser pour quels services. Annoncé l'an dernier, le précédent appel à candidatures (qui portait notamment sur deux nouvelles chaînes gratuites) n'a jamais été lancé à cause du bloquage du pouvoir exécutif qui n'a jamais publié le décret nécessaire.
Du côté des acteurs du PAF, depuis jeudi et l'annonce du rachat de Direct 8 et Direct Star, on ne sait plus très bien ce que tel ou tel opérateur réclame... Jusqu'à jeudi, TF1 et M6 militaient pour l'adoption du DVB-T2 pour retarder voire rendre impossible l'incursion de Canal+ sur le marché de la télévision gratuite. Mais face aux rachats annoncés des chaînes Bolloré par la filiale de Vivendi, pas sûr que TF1 et M6 souhaitent attendre plusieurs années pour répliquer à Canal+... Quant aux indépendants, NRJ 12 et BFM TV, leurs demandes n'ont jamais évolué : ils réclament le lancement d'un appel à candidatures immédiat pour lancer, chacun, une nouvelle chaîne sur la TNT. Une opportunité qui leur permettrait de péréniser leur activité télé. Dans le cas contraire, ils pourraient bien aussi, à leur tour, se vendre à un acteur historique...