Il ne s'agit évidemment pas d'un photo-montage. Installé après la ligne d'arrivée, Olivier Morin a saisi la victoire du sprinteur jamaïcain lors de la finale du 100 mètres, alors qu'un éclair illuminait le ciel au dessus du Stade Loujniki. Tout un symbole alors que l'athlète venait de décrocher son troisième titre mondial (sans compter ses deux titres olympiques) et domine plus que jamais la distance reine de l'athlétisme. Un parallèle amusant aussi puisque "éclair" se dit "bolt of lightning" en anglais et que l'athlète est souvent surnommé "La Foudre". La photo a immédiatement fait le tour du monde, publiée par le Guardian, La Stampa et par de nombreux sites internet et retweetée des dizaines de milliers de fois sur divers comptes Twitter. En France, Le Parisien / Aujourd'hui en France a utilisé ce matin la photo de l'AFP pour illustrer son article sur les Mondiaux de Moscou.
Olivier Morin a évidemment eu de la chance. Placé au bon endroit, il a déclenché son appareil au bon moment. Sur le blog de l'AFP, le photographe reconnait que la présence de l'éclair relève du pur hasard. "Ca ne m'est jamais arrivé en vingt-cinq ans d'avoir un élément extérieur incontrôlable qui vienne faire la photo, et si je réessaie pendant cinquante ans, je n'y arriverai jamais !".
Le photographe avait placé cinq appareils pour saisir la course sous divers angles. Le tout était télécommandé. "Le boîtier qui a pris la photo, c'était le cinquième de mes appareils télécommandés, il était positionné très en retrait par rapport à la finish line, à environ 30 mètres plus loin. L'idée ? Faire une photo large lorsque le vainqueur passerait les bras levés avec tout le stade et un peu de ciel derrière. Une photo magazine, en somme. Ça, c'était l'idée", explique Olivier Morin. Très déçu de l'absence de réaction du très expressif Usain Bolt lorsqu'il a franchi la ligne, le photographe n'a réalisé que bien plus tard la présence de l'éclair en haut de quatre de ses photos.
"Au fond, l'éclair fait la photo, parce que c'est Usain Bolt ! Sans l'éclair, ça n'aurait pas été une photo sympa. Là, je me suis dit qu'elle pouvait être importante, même si je sous-estimais encore largement la réaction que j'allais déchaîner. Soyons honnête : la seule chose qui m'incombait, c'était le cadrage et le déclenchement. L'éclair, c'était bien évidemment imprévisible... même si le ciel était chargé depuis 20 minutes !", analyse le photographe qui estime que de l'intérêt de sa photo réside à 99% dans la présence chanceuse de cet éclair.