Le CSA tire l'oreille de LCI. Dans un communiqué publié aujourd'hui, le régulateur de l'audiovisuel annonce sa décision concernant une séquence polémique diffusée sur LCI le 1er avril dernier. Ce jour-là, le professeur Camille Locht, directeur de recherche à l'Inserm, et Jean-Paul Mira, chef du service réanimation de l'hôpital Cochin de Paris, évoquaient sur l'antenne de la chaîne info la piste de l'utilisation du vaccin BCG pour lutter contre la propagation du coronavirus.
"Si je peux être provocateur : Est-ce qu'on ne devrait pas faire cette étude en Afrique où il n'y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimations ? D'ailleurs, comme c'est fait pour certaines études pour le Sida où chez les prostituées, on essaye des choses parce qu'on sait qu'elles sont hautement exposées et ne se protègent pas", avait déclaré Jean-Paul Mira. "Vous avez raison. On est en train de réfléchir en parallèle à une étude en Afrique pour faire ce même type d'approche avec le BCG et un placebo. Je pense qu'il y a un appel d'offres qui va sortir. Ca n'empêchera pas qu'on réfléchisse à une étude en Europe et en Australie", avait ajouté Camille Locht.
Découpée et publiée sur les réseaux sociaux, la séquence de LCI avait rapidement provoqué l'indignation. Le Parti socialiste, par la voix de son Premier secrétaire, Olivier Faure, avait ainsi condamné cette "provocation" qualifiée de "raciste" : "L'Afrique n'est pas le laboratoire de l'Europe. Les Africains ne sont pas des rats". Annonçant saisir le CSA, l'association SOS Racisme s'était pour sa part indignée "des propos tenus par les deux médecins sur LCI", qui sont "tombés d'accord à l'antenne sur le projet d'utiliser les Africains comme cobayes pour tester des vaccins contre le virus Covid-19"
L'Inserm, institut employant Camille Locht, avait rapidement réagi en précisant que la vidéo circulant sur les réseaux sociaux était "tronquée" et qu'elle faisait dès lors "l'objet d'interprétations erronées". "Des essais cliniques visant à tester l'efficacité du vaccin BCG contre le Covid-19 sont (...) sur le point d'être lancés dans les pays européens et en Australie. S'il y a bien une réflexion autour d'un déploiement en Afrique, il se ferait en parallèle de ces derniers. L'Afrique ne doit pas être oubliée ni exclue des recherches car la pandémie est globale", avait expliqué l'institut. Jean-Paul Mira avait quant à lui "nié toute forme de racisme" et s'était dit profondément heurté par de telles accusations. Il avait néanmoins présenté "ses excuses", "parce que ces propos ne reflètent en rien ce que je suis, ce que je fais au quotidien, depuis maintenant 30 ans".
Moins de quinze jours plus tard, un délai très court pour lui, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a décidé de faire connaître sa décision sur cette séquence via un communiqué. "Après analyse (...), le CSA a relevé que les propos abrupts et contestables de l'un des intervenants n'avaient suscité aucune réaction ou demande d'explication sur le plateau", ont noté les Sages de l'audiovisuel. Le CSA a donc estimé que cette séquence traduisait "un défaut de maîtrise de l'antenne" et un manque "de rigueur" de la part de LCI. Le régulateur de l'audiovisuel a en conséquence décidé de mettre "fermement en garde" la chaîne info "contre le renouvellement de tels faits".